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"L'arme nucléaire pour la Corée du Nord, c'est une assurance survie"

Fusées balistiques nord-coréennes (images de l'agence de presse centrale de Pyongyang). [KCNA/via REUTERS]
Corée du Nord, haute tension / Geopolitis / 14 min. / le 14 mai 2017
Un nouveau bras de fer s'annonce entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Kim Jong-Un menace de faire un nouvel essai nucléaire, le 3e en un an. Donald Trump envisage lui toutes les options pour stopper le développement de l'arsenal nord-coréen.

"La Corée du Nord sait que si elle veut tenir tête aux Etats-Unis, il lui faut l'arme nucléaire", analyse Marc Wolfensberger dans l'émission Géopolitis. Il fait partie des rares journalistes suisses à s'être rendu, à trois reprises, dans ce pays si hermétique et mystérieux vu de l'Occident.

A la tête du pays, Kim Jong-Un entend bien poursuivre le développement de son arsenal atomique. Rien que pour l’année 2016, deux essais nucléaires ont été menés, ainsi que 24 tirs de missiles. "Ils veulent l'arme atomique, ils le crient haut et fort. (...) La Corée du Nord ne veut pas terminer comme l'Irak ou la Libye qui n'avaient pas l'arme nucléaire pour se défendre", souligne Marc Wolfensberger.

L'imprévisible Donald Trump comme adversaire

Face à une Corée du Nord qui persiste dans la voie nucléaire en dépit des sévères sanctions et au mépris des multiples mises en garde de la communauté internationale, Donald Trump a signifié son impatience, estimant que "la Corée du Nord représente un problème majeur". "Au besoin, nous agirons seuls pour régler la question", a récemment déclaré le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson.

Ce terme "seuls" suppose que les Etats-Unis n'excluent pas de déclencher unilatéralement une guerre, sans attendre une possible médiation de la Chine, laquelle assure la survie économique du régime nord-coréen.

Le parapluie américain ne pourra pas tout filtrer.

Marc Wolfensberger, journaliste

La menace contre les Etats-Unis est réelle, estime Marc Wolfensberger: "Les Américains sont à portée de missiles. Il y a la base d'Okinawa au Japon et Séoul est à 50 km de la frontière nord-coréenne. Le parapluie américain ne pourra pas tout filtrer (bouclier antimissile THAAD déployé en Corée du Sud, ndlr) ".

Le journaliste envisage deux scénarios: "Il y a un côté rassurant, la Corée du Sud vient d'élire un président beaucoup plus enclin à essayer de tendre la main à son voisin. (...) Mais la Corée du Nord va très, très probablement procéder à un sixième essai nucléaire et dans ce cas, est-ce que Donald Trump aura la gâchette facile? S'il décide de répondre avec autre chose que des sanctions, là on peut aller dans une escalade".

>> Lire aussi : La Corée du Nord a averti qu'elle était prête à mener un 6e essai nucléaire

Une fierté nord-coréenne exacerbée

Le contingent militaire nord-coréen est estimé à plus d'un million d'hommes. Régulièrement, l'armée parade lors de défilés militaires géants à la gloire du régime. Chars et missiles sont exhibés, devant un public qui semble idolâtrer la dynastie Kim.

Adhésion ou mise en scène dans une dictature autoritaire? "Ce qu'on a toujours tendance à sous-estimer en Occident, c'est qu'il n'y a pas que du théâtre", précise Marc Wolfensberger. "Il y a une fierté nord-coréenne exacerbée. Le dirigeant joue énormément là-dessus."

Mélanie Ohayon

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