Le président américain Donald Trump la considère comme une "traîtresse", d'autres comme une lanceuse d'alerte. Bénéficiant d'une commutation de peine décidée par l'ancien président Barack Obama, Chelsea Manning a été libérée de la prison militaire de Fort Leavenworth, dans l'Etat du Kansas, mercredi.
Née Bradley en décembre 1987 dans l’Oklahoma, Manning avait rejoint l’armée américaine en 2007, avant d'être envoyée en Irak afin d'y travailler comme analyste du renseignement.
Une gigantesque fuite de données
Le 18 février 2010, Wikileaks publie une note diplomatique de l'ambassade américaine en Islande. C'est la première information que Manning reconnaît avoir divulguée.
La vidéo "dommages collatéraux", qui montre des civils irakiens et deux photographes de l’agence Reuters tomber sous les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, est révélée en avril.
A compter de novembre 2010, les fuites de Manning donnent des sueurs froides au corps diplomatique américain. Plus de 250'000 câbles du Département d'Etat, émanant d'ambassades et de consulats américains à l'étranger, sont en partie retranscrits par des journaux, dont le New York Times.
Au total, près de 700'000 documents confidentiels, diplomatiques et militaires, sur les guerres en Irak et en Afghanistan sont transmis au site lancé par Julian Assange.
Deux tentatives de suicide
Dénoncée par un ancien hacker à qui elle s’était confiée lors de discussions en ligne, Manning est arrêtée et placée en détention provisoire dès le mois de mai 2010. Ce n'est qu'en août 2013 qu'elle est condamnée à 35 ans de prison.
Au lendemain de sa condamnation, celle qui se fait désormais appeler Chelsea annonce publiquement son changement d’identité et sa volonté de subir l’opération nécessaire à son changement de sexe.
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Après une grève de la faim et un long combat avec les autorités militaires pour faire valoir son droit, elle obtient gain de cause en septembre dernier seulement. Elle a depuis entamé un traitement hormonal pour permettre sa transition vers le sexe auquel elle s'identifie.
La dureté de son incarcération pèse lourdement sur son moral. Le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture jugera d'ailleurs "cruel, inhumain et dégradant" les conditions de vie qui lui sont infligéee. Cette situation la poussera à commettre deux tentatives de suicide l'an dernier.
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Engagement auprès des transgenres
La remise de peine dont bénéficie Chelsea Manning n'efface pas la condamnation elle-même. Son appel en justice pourrait s'éterniser. En attendant, l'ancienne analyste du renseignement reste légalement une soldate de l'US Army. Elle demeure techniquement en congé sans solde pendant l'examen de l'appel. Reste que cette libération est vécue comme un soulagement pour nombre de ses soutiens.
"Elle veut se battre pour les nombreux détenus transgenres, en particulier les femmes noires, communiquer avec les jeunes transgenres, partager les victoires de nos combats", a notamment confié Chase Strangio, un avocat lui-même transgenre devenu son ami intime.
Chelsea Manning devrait afficher sa féminité en laissant "pousser ses cheveux", après des années derrière les barreaux où sa coiffure devait rester sous les cinq centimètres réglementaires, a ajouté Chase Strangio.
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kg et ctr avec agences