Dans une demande d'ouverture d'enquête contre le président auprès de la Cour suprême, le procureur général Rodrigo Janot affirme que le chef de l'Etat, en collaboration avec plusieurs hommes politiques influents, a essayé d'"empêcher l'avancée" de l'opération "Lavage express" ("Lava jato", ndlr), l'enquête tentaculaire ayant révélé le scandale de corruption Petrobras.
Cette demande, rendue publique vendredi, s'appuie sur un accord noué avec la justice par le magnat de l'agroalimentaire Joesley Batista, dont les révélations explosives ont déclenché un véritable séisme.
Le président a été enregistré à son insu par cet homme d'affaires qui l'aurait piégé en train de donner son accord pour le versement de pots-de-vin.
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Ces dessous-de-table viseraient à acheter le silence d'Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd'hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.
"Je ne démissionnerai pas"
Malgré ces graves accusations, Michel Temer s'est montré catégorique. "Je ne démissionnerai pas. Je le répète. Je ne démissionnerai pas", a-t-il martelé lors d'un discours télévisé très attendu. Mais certains ont déjà abandonné le navire, comme le ministre de la Culture Roberto Freire, qui a quitté son poste jeudi.
Pour le président, l'étau se resserre de plus en plus, avec la divulgation vendredi par cette même Cour suprême de l'ensemble du contenu des confessions de Joesley Batista.
L'une d'elles évoque le versement de 15 millions de réals (4,6 millions de dollars au taux actuel) en 2014, "en échange de faveurs" pour l'entreprise.
Au-delà de Michel Temer, ces dénonciations mettent en cause un grand nombre d'hommes politiques de premier plan, dont l'ancien président de gauche Luis Inacio Lula da Silva (2003-2010) et Dilma Rousseff (2010-2016).
Motions de destitution déposées
Pour l'opposition, il n'y a aucun doute: Michel Temer doit démissionner. Plusieurs motions de destitution ont été déposées par des parlementaires, mais la procédure est longue et nécessite la majorité des deux tiers à la Chambre des députés puis au Sénat.
C'est d'ailleurs par le biais de cette procédure que Michel Temer est arrivé au pouvoir, il y a un an, après la destitution de Dilma Rousseff, dont il était le vice-président.
ats/afp/mre