D'après le Canard Enchaîné, les Mutuelles de Bretagne souhaitaient louer à Brest des locaux commerciaux. Entre trois propositions, l'organisme choisit celle d'une société immobilière appartenant à la compagne de Richard Ferrand. Une société créée seulement après l'attribution du marché par la mutuelle, dirigée jusqu'en 2012 par le nouveau ministre de la Cohésion des territoires.
Outre une rénovation complète des locaux par la mutuelle pour 184'000 euros (198'850 francs environ), la valeur des parts de la société aurait été "multipliée par 3000" six ans plus tard.
L'affaire n'a rien d'illégal, précise l'hebdomadaire. Mais elle "tombe mal parce que cela crée de la suspicion dans un contexte de suspicion", a reconnu sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
Les révélations de l'hebdomadaire surviennent alors qu'une loi sur la moralisation de la vie publique doit être présentée au conseil de ministres avant les législatives du 11 et 18 juin.
"Des dénonciations calomnieuses" selon Richard Ferrand
Il ne saurait être question d'une démission de Richard Ferrand, a par ailleurs déclaré Christophe Castaner. La probité du ministre n'est "pas en cause", avait déjà déclaré la veille Matignon.
De son côté, Richard Ferrand s'est défendu dans la nuit de mardi à mercredi, dénonçant dans un communiqué "des dénonciations calomnieuses".
"Cette décision a été prise dans la pleine connaissance des liens qui unissaient Richard Ferrand et la propriétaire des locaux, dans le respect de toutes les règles en vigueur par le conseil d’administration, seul décisionnaire, et dont Richard Ferrand n’a jamais été membre", selon le communiqué, qui souligne que le loyer proposé par l'entreprise de sa compagne est inférieur au prix du marché.
Réactions des opposants à Emmanuel Macron
A quelques jours du début des consultations sur la moralisation de la vie publique, prévu lundi, l'affaire a cependant soulevé des interrogations chez les opposants au gouvernement.
"Nous soutenons également la loi sur la transparence, encore faudrait-il qu'elle soit appliquée à Richard Ferrand", a réagi sur Radio Classique le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis qui demande que le Premier ministre et le ministre de la Justice s’expriment à ce sujet.
"Les affaires se suivent... comme les stratégies de déni! Renouvellement en panne!!!", a lancé l'écologiste Yannick Jadot sur Twitter.
"Nul doute que demain matin le parquet national financier ouvrira à la lecture du Canard une enquête préliminaire sur les faits reprochés à Richard Ferrand", a écrit de son côté Eric Ciotti, du parti Les Républicains, en ironisant sur l'affaire François Fillon.
Il n'en est pourtant rien: le parquet national financier (PNF) n'ouvrira pas d'enquête préliminaire après les révélations du Canard enchaîné, selon une source proche du dossier citée par France Info. Même si les faits étaient délictuels, ils ne relèveraient pas de la compétence du PNF, précise cette même source.
tmun avec agences
Le gouvernement français exclut une démission
A la sortie du conseil des ministres mercredi à Paris, le porte-parole du gouvernement français a exclu une démission de Richard Ferrand. "La question (de sa démission) ne s’est pas posée, donc évidemment ce sujet n'a pas été abordé en conseil des ministres", a déclaré Christophe Castaner.
Les Républicains vont saisir la justice
Les Républicains ont annoncé pour leur part leur intention de saisir le procureur de la République française et le procureur national financier "au regard d'informations concernant les agissements de Richard Ferrand et de ses proches". "Il se doit d'être relevé que ceux-ci sont d'une gravité certaine et pourraient revêtir plusieurs qualifications pénales", écrit le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer, dans un communiqué.