"La première leçon (après l'attentat de Manchester), c'est qu'il n'y a pas d'infaillibilité en matière de lutte contre le terrorisme", a estimé Arnaud Danjean, eurodéputé français (Les Républicains) et ancien des services de renseignement, dans l'émission Forum.
"Les Britanniques, qui ont sans doute un de s dispositifs de prévention et de lutte contre le terrorisme le plus abouti en Europe, ont été frappés deux fois déjà, avec l'attentat de Londres le 22 mars. Cela prouve qu'il n'y a pas de système parfait qui prévienne à 100% contre la menace terroriste, et aussi que l'ampleur de la menace oblige aujourd'hui à une vigilance qui va au-delà de celle des services de sécurité."
La formule 'coopérer davantage' est devenue une facilité de langage pour certains responsables publics.
En ce qui concerne la coopération européenne et internationale, le spécialiste se montre circonspect. "Je ne suis pas certain que ce soit la formule magique. Bien sûr, il faut coopérer, se coordonner, mais cela existe déjà. La formule 'coopérer davantage' est devenu une facilité de langage de certains responsables publics."
La mesure préconisée par l'eurodéputé est au contraire le renseignement dit "de proximité", visant à détecter les signaux faibles de radicalisation, "très nombreux". "La France enregistre des milliers de signalement chaque mois", a-t-il rappelé.
Appel au travail de proximité
Le problème de fond, pour Arnaud Danjean, est l'ampleur de la surveillance à accomplir.
"D'un point de vue technique, on est submergé par la masse d'informations disponibles. Il faudrait idéalement que les services vérifient chaque signalement de radicalisation, du changement vestimentaire d'un voisin au prêche d'un salle de prière clandestine."
Nouveaux profils d'experts recherchés
Devant l'absence de moyens quantitatifs, il faut dès lors axer sur la qualité du travail, bien ciblé et bien sélectionné, a-t-il affirmé. "Ce travail va nécessiter de nouveaux profils dans le monde du renseignement, plus seulement des enquêteurs-policiers mais des profils très variés, avec des connaissances approfondies en matières linguistique, culturelle, sociologique, éducative."
A l'inverse, la prolongation probable de l'état d'urgence en France jusqu'en novembre ne convainc pas Arnaud Danjean. "Psychologiquement, cela rassure la population. Mais il faudra un jour expliquer aux Français que ce qui rassure n'est pas forcément ce qui protège."
Il n'y aura pas de rupture en matière de sécurité liée au Brexit.
L'eurodéputé balaie également les craintes liées au Brexit. "La rupture ne se produira pas, pour deux raisons: gouvernement britannique et Union européenne sont très conscients de ce qu'il y aurait à perdre dans le dossier sécurité. D'autre part, les agences nationales de contre-terrorisme continueront à collaborer comme elles le faisaient avant même qu'il y ait renforcement au niveau européen."
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kkub
La Suisse "dépendante de la coopération internationale"
Si la Suisse est épargnée pour l'instant par les actes terroristes, elle n'est cependant pas à l'abri.
"La Suisse a de bons services de sécurité, avec un bon maillage territorial, mais elle reste menacée", estime Arnaud Danjean, en rappelant que la situation de la Suisse dépend de la qualité de la coopération internationale.