Cela fait maintenant quatre ans que le Soudan du Sud est en proie à une guerre civile particulièrement meurtrière, plongé dans "une situation de groupes, de gangs pour le contrôle des ressources, du territoire, sans qu'il n'y ait vraiment de leadership", explique Christine Jamet, invitée de Géopolitis.
"Les structures de santé y sont quasiment inopérantes" rendant essentielle l'action de Médecins sans frontières (MSF). "Il faut souvent négocier avec les commandeurs locaux pour pouvoir accéder aux zones de conflit".
"Une toute petite réponse aux besoins"
Dans ce contexte de conflit généralisé l'organisation MSF n’apporte qu'"une toute petite réponse par rapport à l’état des besoins plus du tout couverts par l’Etat aujourd'hui", précise Christine Jamet.
Dans ce pays parfois oublié, le plus jeune de la planète, indépendant depuis juillet 2011, l'ONU dénonce un risque de génocide.
Un conflit parti pour durer
Le tableau est sombre. L’économie ne tourne pas, la monnaie ne vaut rien. Le pétrole, pourtant principale ressource du pays, ne rapporte quasiment rien. Après quarante ans de guerre civile avec le Nord, ce sont d'anciens rebelles qui ont été propulsés dirigeants du Soudan du Sud. Depuis l'indépendance, difficile de faire la transition de chef d'armée à chef d'Etat.
Christine Jamet le rappelle bien, les populations du Soudan du Sud "n’ont aucun historique démocratique". Elle met ainsi en garde contre l'importation de solutions inadaptées à la culture locale. La paix au Soudan du Sud passera, selon elle, par des institutions adaptées et le développement de l'éducation.
Des campagnes difficiles à protéger
Christine Jamet se montre en revanche peu optimiste sur le déploiement de 4000 Casques bleus supplémentaires dans le pays. Ces hommes "pourront protéger les centres urbains mais n'auront aucune capacité de contrôler tout ce qui se passe dans les campagnes". Or, dans un territoire grand comme la France, la tâche de ces militaires s’annonce herculéenne.
L'ONU, via la Minuss (Mission des Nations unies au Soudan du Sud), présente sur le terrain avec plus de 13'000 Casques bleus, porte une part de responsabilité dans cette faillite humanitaire. Un rapport portant sur les flambées de violences à Juba en juillet dernier estime qu'elle s'est révélée "chaotique et inefficace" face aux exactions envers les civils, commises parfois même à quelques mètres des campements onusiens.
Difficile alors de deviner comment le pays pourrait sortir de la crise. Christine Jamet en est convaincue, "MSF est certainement là pour encore probablement des décennies".
Nicolas Salin