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Le parti de Theresa May pourrait perdre sa majorité pour "un pari inutile"

La Première ministre britannique Theresa May lors d'un meeting de campagne à Wolverhampton le 30 mai 2017. [Keystone - EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA / POOL]
La Première ministre britannique Theresa May lors d'un meeting de campagne à Wolverhampton le 30 mai 2017. - [Keystone - EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA / POOL]
Le Parti conservateur pourrait perdre la majorité au Parlement britannique, selon un sondage publié mardi. Pour Pierre Haroche, chargé de cours à Londres, la Première ministre Theresa May a pris des "risques inutiles".

Il y a quelques semaines, les pronostics donnaient encore une large victoire aux conservateurs. "Mais aujourd'hui, l'impression est plus mitigée, avec les travaillistes qui remontent un peu dans les sondages", affirmait mardi Pierre Haroche, quelques minutes avant d'apprendre la publication par The Times  du sondage YouGov.

Selon cette enquête, qui se fonde sur un nouveau système de modélisation circonscription par circonscription, le parti conservateur pourrait perdre 20 sièges sur les 330 qu'il détient au Parlement et le Parti travailliste en gagner près de 30. Il manquerait ainsi 16 sièges aux conservateurs pour atteindre la majorité absolue, qui est de 326 sièges.

"Pari manqué"

La Première ministre serait alors obligée de démissionner, souligne le chargé de cours au Département d'études européennes du King's College de Londres, invité du Journal du matin sur RTS La Première.

"Ce serait alors un pari manqué, un peu à l'image du pari manqué de David Cameron lors du référendum". Si la Première ministre l'emporte, mais avec un score moins élevé qu'attendu, son pari d'un mandat populaire renforçant son mandat de négociation sera fragilisé, estime Pierre Haroche.

Or, c'est justement l'argument de campagne qu'a donné Theresa May à cette élection anticipée. Elle voulait obtenir un mandat populaire et parlementaire fort pour faire face à des Européens forts.

Un calcul de politique interne

Mais selon l'analyste, ce n'est pas pour cela qu'elle a déclenché ces élections, "pour la simple et bonne raison qu'elle avait déjà un mandat de négociation fort".

Le référendum a donné à Theresa May un mandat de négociation pour le Brexit et elle a reçu un soutien clair du Parlement britannique. Elle avait donc les coudées franches

Pierre Haroche, enseignant au Département d'études européennes du King's College de Londres.

Un argument qui laisse Pierre Haroche penser que cette élection résulte d'un calcul interne au sein du Parti conservateur. Car "Theresa May n'a pas été élue comme leader du parti et elle a été obligée de composer avec les leaders du Brexit, comme par exemple son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, argumente-il.

Ce serait donc pour son propre nom que Theresa May voulait avoir une majorité franche, afin de renforcer son pouvoir de négociation face à son Parti conservateur qui risquerait de la critiquer si elle était trop faible.

"C'est un pari risqué", insiste Pierre Haroche. "Beaucoup pensent que les conservateurs vont gagner. Mais s'ils sont affaiblis, tout cela aura été une prise de risques inutile".

>> Ecouter son interview dans le Journal du matin :

Pierre Haroche. [Twitter]
L'invité de la rédaction - Pierre Haroche / Le Journal du matin / 21 min. / le 31 mai 2017

fme

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Changement d'opinion

La semaine dernière, sept sondages témoignaient d'une réduction de l'avance de Theresa May face aux travaillistes, signalant un changement d'opinion par rapport à la victoire éclatante anticipée il y a encore un mois.

La contraction s'est dessinée après la publication du programme des conservateurs le 18 mai dernier, dans lequel Theresa May s'est notamment engagée à faire supporter à certaines catégories de retraités une plus large part de leurs frais de santé.

Dans le même temps, le Labour, mené par Jeremy Corbyn, a concentré ses critiques sur les coupes budgétaires dans la police, après l'attentat de Manchester qui a tué 22 personnes.

La livre sterling en recul

La livre sterling a reculé à la suite de la publication du sondage par le quotidien The Times, à 1,2791 dollar, un plus bas d'un mois déjà enregistré vendredi. La devise britannique était également en repli face à l'euro et au franc.

L'institut Yougov a reconnu le caractère polémique de ses conclusions. Le directeur de l'institut a assuré au Times que le modèle avait été testé pendant la campagne du référendum du Brexit, et qu'il avait alors prédit avec constance la victoire du "Leave" (quitter).