Invité vendredi du Journal du matin de la RTS, Martin Beniston a expliqué que les Etats-Unis ne constituaient "pas un pays totalement monolithique". Le directeur de l'Institut des sciences de l'environnement de Genève a rappelé que les Etats et les grandes villes jouissaient "d'une certaine autonomie".
Parmi eux, ils sont nombreux à avoir déclaré "vouloir continuer à oeuvrer pour une transition énergétique, afin de s'affranchir des carburants fossiles".
Près de la moitié des émissions américaines
Toute une série d'acteurs "a ainsi compris l'avantage, même économique, de prendre le virage de la transition énergétique. Ceux-ci vont continuer à la mise en oeuvre de l'accord de Paris."
D'après Martin Beniston, les protagonistes "qui veulent continuer à se battre" pour le climat représentent environ 50% de l'ensemble des émissions de carbone américaines, qui atteignent elles-mêmes le quart du total mondial.
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Pittsburgh, symbole de la résistance locale
L'annonce officielle de jeudi a brutalement matérialisé de nombreuses craintes, faisant sortir de leurs gonds de nombreux responsables politiques américains.
Le maire démocrate de la ville de Pittsburgh s'en est vertement pris à Donald Trump sur Twitter, après que celui-ci a déclaré avoir "été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris".
En l'espace de quelques minutes, Bill Peduto est devenu la coqueluche des réseaux sociaux et le symbole de la résistance locale.
"Les Etats-Unis rejoignent la Syrie, le Nicaragua et la Russie, en décidant de ne pas participer à l'accord mondial de Paris. C'est aux villes de prendre les rênes" de l'économie verte, a écrit Bill Peduto. "En tant que maire de Pittsburgh, je peux vous assurer que nous suivrons les directives de l'accord de Paris pour nos administrés, notre économie et notre avenir", a-t-il ajouté.
Multiplication des alliances
De New York à la Californie, maires et gouverneurs ont multiplié les alliances ou les appels pour faire barrage de l'intérieur au retrait choc du président américain.
Les gouverneurs démocrates des puissants Etats de New York, Washington et de la Californie, qui représentent un 5e de la population américaine, ont ainsi décrété une "alliance pour le climat". Ensemble, ils sont "déterminés à atteindre l'objectif américain de réduction de 26 à 28% des émissions de gaz à effet de serre" par rapport à 2005, a promis le gouverneur de New York Andrew Cuomo.
L'ex-gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger a aussi fermement réagi dans une vidéo: "Un homme ne peut détruire tous nos efforts. Un homme ne peut empêcher la révolution des énergies propres. Un homme ne peut pas revenir dans le passé. Je suis le seul à pouvoir faire ça."
Obama et Kerry regrettent
L'ancien président américain Barack Obama, qui a été un des acteurs clés ayant rendu possible l'accord de Paris, a évoqué ses regrets. "Les pays qui restent dans l'accord de Paris seront ceux qui en récolteront les bénéfices en termes d'emplois et de secteurs d'activité créés", a-t-il martelé.
Le chef de la diplomatie américaine d'alors, John Kerry, lui aussi l'un des artisans de l'accord, a également tonné dans un communiqué contre un "renoncement sans précédent au leadership de l'Amérique que l'on va payer en termes d'influence" internationale.
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Vives réactions du monde économique
De Facebook à Apple, de Ford à Microsoft, beaucoup de grands groupes ont dénoncé la décision du président américain, tandis que les groupes gaziers et pétroliers, qui ont le plus à gagner de l'abandon du traité, se sont distingués par leur silence.
De nombreuses figures du monde économique américain ont rapidement fait part de leur déception et ont insisté sur l'urgence d'agir face au réchauffement.
Le patron de General Electric Jeff Immelt s'est dit déçu: "Le changement climatique est une réalité. L'industrie doit montrer l'exemple et ne pas être dépendante du gouvernement".
Elon Musk, le très médiatique PDG du constructeur de voitures électriques Tesla et ardent défenseur des énergies renouvelables, a immédiatement annoncé qu'il quittait les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump. "Le changement climatique est réel. Quitter Paris n'est pas bon pour l'Amérique et le monde" a-t-il tweeté.
Am departing presidential councils. Climate change is real. Leaving Paris is not good for America or the world.
— Elon Musk (@elonmusk) 1 juin 2017
Lloyd Blankfein, le PDG de la banque d'affaires Goldman Sachs dont l'ancien numéro 2 est devenu un conseiller influent de Donald Trump, a quant à lui jugé que le retrait des Etats-Unis était un "revers" pour l'environnement et "pour le leadership des Etats-Unis dans le monde".
Michael Bloomberg veut s'engager
Après l'annonce de Donald Trump, le milliardaire américain Michael Bloomberg a promis d'apporter 15 millions de dollars pour soutenir les efforts des Nations unies contre le changement climatique.
L'objectif est d'appuyer les opérations du secrétariat de la Convention climat de l'Onu (CCNUCC), "dont celles pour aider les pays à mettre en place leurs engagements dans le cadre de l'accord climat de Paris de 2015", a fait savoir dans un communiqué la fondation Bloomberg Philanthropies de l'ancien maire de New York, devenu envoyé spécial de l'ONU pour les villes et les changements climatiques.