Racontant une rencontre du 14 février dans le Bureau ovale du président américain, James Comey écrit que Donald Trump lui a parlé de l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale, mêlé à l'affaire de l'ingérence russe dans l'élection présidentielle de novembre 2017.
Le président lui aurait déclaré: "J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien".
Cette déclaration écrite de sept pages a été publiée par la commission du Renseignement du Sénat (à retrouver ici en anglais).
La requête de Donald Trump jugée "inquiétante"
Selon James Comey, la requête du chef de l'Etat concernait toute investigation relative aux "fausses déclarations de Michael Flynn concernant ses conversations avec l'ambassadeur russe en décembre", et non l'enquête plus large sur l'éventuelle collusion entre la Russie et la campagne du républicain.
"C'était toutefois très inquiétant, étant donné le rôle du FBI comme service d'investigations indépendant", écrit-il.
J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté
James Comey raconte aussi en détail un dîner à la Maison Blanche le 27 janvier, lors duquel Donald Trump lui aurait dit: "J'ai besoin de loyauté, je m'attends à de la loyauté". "Je n'ai pas bougé, parlé ou changé l'expression de mon visage", écrit l'ancien grand policier, décrivant "un silence gênant".
Et quand le président, en fin de repas, l'a relancé sur la question de la loyauté, James Comey a répondu qu'il "aurait toujours de l'honnêteté de sa part". Il a ensuite accepté la demande de Donald Trump d'une "honnêteté loyale".
L'ex-responsable confirme également dans sa déclaration qu'il a consigné dans des notes le contenu de ses conversations avec le président américain, comme l'avaient rapporté plusieurs médias.
"Lever le nuage" de l'affaire russe
Deux autres coups de fil ont également eu lieu entre les deux hommes, le 30 mars et le 11 avril. Dans ces conversations, le locataire de la Maison Blanche a demandé au patron du FBI ce qui pouvait être fait pour "lever le nuage" de l'enquête russe, dont l'ombre l'empêcherait d'agir efficacement au nom du pays, selon ce récit.
L'ex-policier a alors confirmé que le président lui-même n'était pas visé par l'enquête. "Il m'a dit à de nombreuses reprises: 'nous devons révéler ce fait'", écrit James Comey.
"Le président a ajouté que si certains de ses proches 'satellites' avaient fait quelque chose de mal, ce serait bien de le découvrir, mais qu'il n'avait rien fait de mal et qu'il espérait que je trouve une façon de dire que nous n'enquêtions pas sur lui", poursuit-il. "Je lui ai dit que je verrais ce que nous pourrions faire".
Malaise ressenti par l'ancien responsable
Le récit de James Comey est frappant par la description sans équivoque du malaise suscité par les requêtes à répétition du président.
Après son tête-à-tête du Bureau ovale, que le président avait préalablement vidé de tous ses conseillers, James Comey a "imploré" le ministre de la Justice Jeff Sessions "d'empêcher toute future communication directe entre le président et moi".
Ces faits minutieusement détaillés confirment des informations de presse publiées depuis le limogeage soudain du 9 mai, et qui avaient conduit plusieurs élus du Congrès à soupçonner une tentative d'entrave à la justice et, pour quelques uns, à réclamer l'ouverture d'une procédure de destitution.
James Comey témoignera lors d'une audition publique jeudi matin à 10h00 (16h00 heure suisse).
>> Lire aussi : Deux chefs du renseignement américain disent n'avoir jamais subi de pression de Donald Trump
ats/afp/tmun
"Toute cette histoire est folle"
Les réactions ont commencé à tomber mercredi quelques minutes après la publication du document. "Toute cette histoire est folle", a tweeté la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.
Read FBI Director Comey's testimony for tomorrow's hearing. This whole thing is crazy. https://t.co/VKa9XO61p8
— Elizabeth Warren (@SenWarren) 7 juin 2017
A l'inverse, le Parti républicain a fait valoir que trois fois, en janvier et en mars, James Comey avait confirmé à Donald Trump ce que celui-ci clame haut et fort depuis des mois: à savoir qu'il n'est pas lui-même visé par les investigations russes.