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L'ombre de la justice internationale plane sur les élections au Kosovo

Élections aux Kosovo: crimes de guerre en toile de fond
Élections aux Kosovo: crimes de guerre en toile de fond / 12h45 / 2 min. / le 11 juin 2017
Les Kosovars désignent dimanche leurs députés. Leur mandat pourrait être agité, entre tensions avec la Serbie et possibles inculpations pour crimes de guerre de responsables de ce pays des Balkans.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dimanche à 07h00 et le resteront jusqu'à 19h00. Les premiers résultats sont attendus dans la soirée.

A Pristina, la présidente de la commission électorale Valdete Daka a été la première à voter au bureau 1907E. "J'appelle les citoyens à voter en respectant les normes internationales et montrer que nous faisons partie de la famille démocratique mondiale", a-t-elle déclaré. Dans la capitale kosovare, des dizaines de personnes, âgées pour la plupart, attendaient patiemment sous la pluie, l'ouverture du bureau de vote.

Cours spéciales

"Il s'agit d'ouvrir un nouveau chapitre dans notre Etat. Il faut cesser d'abuser de l'argent des contribuables et avoir un gouvernement qui s'occupera de son peuple", a déclaré Ekrem Haziri, 66 ans, retraité.

Il ne semblait pas préoccupé par la question des cours spéciales, chargées des crimes de guerre de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) lors du conflit d'indépendance contre les forces de Belgrade (1998-99, 13'000 morts). Un sujet absent du débat électoral.

Coalition brisée

Pourtant, "le véritable risque d'instabilité" pour le pays "viendra au moment où débuteront les arrestations", susceptibles de "sérieusement gêner ou même menacer la survie du prochain gouvernement", prédit l'European Centre for minority issues (ECMI). Parmi les inculpés potentiels pour des crimes contre des Serbes, des Roms et des Kosovars albanais accusés de collaboration, sont cités plusieurs dirigeants. Le président Hashim Thaçi ou le puissant patron du parti présidentiel (PDK) Kadri Veseli en font partie.

La décision du PDK de briser sa coalition avec la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) pourrait s'expliquer par la volonté "de convoquer des élections anticipées avant que cette cour ne commence à travailler", analyse le chercheur en sciences politiques Loïc Trégourès, spécialiste des Balkans.

Pronostics difficiles

Cette élection est "la plus dure à pronostiquer dans l'histoire du Kosovo", estime Florian Bieber, spécialiste de l'Europe du sud-est à l'université de Graz. Les favoris sont une coalition des "guerriers", dirigée par les anciens cadres de l'UCK. Le PDK et les deux petits partis qui la composent avaient atteint un total de 45% en 2014.

Leur premier ministre serait Ramush Haradinaj, alias "Rambo", un homme que la Serbie veut juger pour crimes de guerre. Il a affirmé que lui au pouvoir, il conditionnerait la poursuite du dialogue à une reconnaissance du Kosovo par Belgrade, perspective inconcevable.

Ces anciens guérilleros ont tu leurs divergences pour mettre en pièces la coalition autour de la LDK, plus proche des milieux économiques et de la société civile. Son candidat, Avdullah Hoti, un quadragénaire jusqu'à présent ministre des Finances, défend un "programme clairement pro-européen" et promet "une guerre sans compromis à la corruption".

>> Ecouter l'analyse de Jean-Arnault Dérens, envoyé spécial de la RTS sur place :

Hashim Thaçi (au centre), qui a été élu vendredi président du Kosovo par le Parlement, est un ancien guérillero reconverti dans la politique. [ARMEND NIMANI]ARMEND NIMANI
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ats/ta

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