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Les conservateurs nord-irlandais du DUP inquiètent Dublin et Edimbourg

L'idée de voir le DUP former une alliance gouvernementale avec Theresa May ne plaît pas en Irlande et en Ecosse. [Toby Melville]
L'idée de voir le DUP former une alliance gouvernementale avec Theresa May ne plaît pas en Irlande et en Ecosse. - [Toby Melville]
Le projet d'accord gouvernemental entre les conservateurs de la Première ministre britannique, Theresa May, et les protestants ultra-conservateurs du DUP nord-irlandais inquiète en Irlande et en Ecosse.

Confidentiel sur le plan national jusque-là, le Parti unioniste démocrate (DUP) se retrouve aujourd'hui propulsé dans une position de "faiseur de roi", capable d'offrir aux Tories la majorité qu'ils ont perdue à l'issue du scrutin législatif de jeudi.

>> Lire aussi : Theresa May se rapproche des unionistes nord-irlandais pour gouverner

Cette perspective a aussitôt braqué les projecteurs sur cette formation créée en 1971, en plein conflit nord-irlandais, par le pasteur fondamentaliste Ian Paisley.

Au point que le Premier ministre irlandais Enda Kenny a fait part dimanche de sa "préoccupation" devant le projet d'alliance entre les conservateurs et le DUP (voir encadré).

Devenu le premier parti d'Irlande du Nord, le DUP a modéré son radicalisme anticatholique depuis qu'il gouverne localement avec les nationalistes du Sinn Féin, comme l'impose l'accord du Vendredi saint de 1998.

Mais cet exécutif a explosé en janvier, sur fond d'accusations envers la cheffe du DUP sur la gestion d'un programme de subventions aux énergies renouvelables. Les deux partis poursuivent de difficiles négociations pour tenter de former une nouvelle coalition.

Conservatisme social

Si les liens avec des groupes paramilitaires protestants semblent appartenir au passé, le DUP, pro-Brexit, divise aujourd'hui surtout sur son programme ultra-conservateur sur le plan social.

Le parti s'oppose systématiquement à l'avortement, interdit en Irlande du Nord, et au mariage gay, autorisé partout ailleurs au Royaume-Uni.

Pour le professeur Jon Tongue, il serait cependant excessif de penser que le DUP veuille exporter son conservatisme social. "Hormis conserver son droit de veto sur le mariage gay et l'avortement, le DUP n'est pas intéressé, explique le professeur Jon Tongue, spécialiste de la région, dans un article samedi pour le Guardian.

"Tout ce qui compte, c'est combien d'argent les conservateurs peuvent offrir à l'Irlande du Nord", résume-t-il.

ats/afp/mre

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Craintes pour la paix en Irlande et les droits LGBT

La perspective d'une alliance de ce parti avec les conservateurs britanniques inquiète. En Irlande du nord d'abord, où le Sinn Féin prévient que "ça se terminera dans les larmes".

Mais aussi dans le reste du Royaume-Uni, comme en Ecosse, où la cheffe des conservateurs Ruth Robinson a tout de suite réclamé des garanties à Theresa May en termes de préservation des droits de la communauté LGBT.

Lors d'une conversation téléphonique avec la Première ministre britannique, le Premier ministre irlandais Enda Kenny a fait part de sa "préoccupation" devant le projet d'alliance entre les Tories et le petit parti ultra-conservateur.

Le chef du gouvernement irlandais a prévenu que "rien ne doit remettre en cause l'Accord du Vendredi saint" qui a mis fin en 1998 à trente ans de violences en Irlande du nord.