La configuration du second tour des élections législatives, qui a lieu dimanche en France, illustre la profonde transformation du paysage politique français depuis 2012, et surtout l'ampleur de la vague La République en marche (LREM), le parti du président Emmanuel Macron.
Quatre députés (deux candidats LREM, un UDI, un divers gauche) ont été élus dès le premier tour - ils étaient 36 dans ce cas il y a cinq ans - laissant 573 circonscriptions en ballottage.
Parmi les 1147 candidats qui se sont qualifiés pour le second tour, près de 40% appartiennent à LREM, une formation qui n'a vu le jour qu'en avril 2016.
Suivent un peu plus de 20% de Républicains et quelque 10% de membres du Front national (FN). Le MoDem, La France insoumise (LFI) et le PS représentent chacun près de 6% de tous les candidats en ballottage.
Une seule triangulaire en 2017 contre 34 en 2012
Seule une circonscription, la 1e de l'Aube, voit s'affronter trois candidats au second tour: Grégory Besson-Moreau (LREM), le député LR sortant Nicolas Dhuicq et le FN Bruno Subtil.
Cette triangulaire unique fait du scrutin 2017 une exception par rapport aux élections précédentes, loin des 34 triangulaires de 2012 et du record de 79 triangulaires en 1997 (dont 76 impliquaient le FN).
Le cas de figure de la triangulaire unique s'était déjà présenté en 2007, mais elle résultait du désistement de 11 candidats qualifiés pour le second tour, qui avait fait passer le nombre de triangulaires de 12 à 1.
Cause de l'absence quasi-totale de triangulaires cette année: l’abstention, qui a atteint dimanche un niveau record de 51,29%. Or, pour se qualifier au second tour aux législatives, les candidats doivent rassembler au moins 12,5% des voix des électeurs inscrits, et non des suffrages exprimés.
Mathématiquement, plus le nombre de votants est faible, plus le seuil devient difficile à atteindre.
Seuls sept duels LR-PS
A part cette unique triangulaire, 572 circonscriptions se trouvent dans la configuration la plus commune, celle du duel. La majorité d'entre eux, 199, opposent un(e) candidat(e) LREM à un(e) candidat(e) LR.
Suivent les duels LREM-FN (92), LREM-La France insoumise (63) et LREM-PS (42).
L'opposition entre un candidat socialiste et un candidat républicain ne se présente cette année que dans 7 circonscriptions, alors que les duels UMP - PS constituaient de loin la configuration la plus répandue en 2012.
Vers une féminisation massive de l'Assemblée
Autre enseignement du premier tour des élections législatives: le nombre de femmes en mesure de l'emporter est bien plus important qu'en 2012. Sur les 1147 candidats en ballottage au deuxième tour, 459 sont des femmes et 688 sont des hommes.
Si l'on regarde parmi eux qui s'est classé en tête au premier tour, 246 sont des femmes. Ainsi, comme le soulignent plusieurs médias français, si toutes ces favorites étaient élues, l'Assemblée nationale française seraient composée de plus de 42% de députés, ce qui serait inédit.
Si le nombre de femmes siégeant au Parlement français progresse d'année en année, les performances de la gent féminine cette année sont surtout une conséquence directe du succès de La République en marche, qui a dopé les résultats de quasiment tous ses candidats, y compris ceux qui se présentaient pour la première fois.
Le parti présidentiel a, en outre, fait de la représentativité féminine un de ses chevaux de bataille. Il est le parti ayant investi le plus de femmes pour ces législatives, à parité quasi parfaite.
Pauline Turuban