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Anders Fogh Rasmussen: "Le seul langage que comprend Poutine est celui du pouvoir"

Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. [AFP - GEORGES GOBET]
Comment garantir la sécurité économique dans la période post-Brexit? Interview d'Anders Fogh Rasmussen / Tout un monde / 8 min. / le 22 juin 2017
Il n'y a pas de position antirusse au sein de l'OTAN, selon son ex-secrétaire général Anders Fogh Rasmussen. Mais la seule façon d'engager un dialogue constructif est de maintenir une position ferme, indique-t-il à la RTS.

Anders Fogh Rasmussen a forgé sa vision du monde au fil d'une carrière politique au Danemark, dont il a été le Premier ministre. Puis à la tête de l'OTAN, dont il a été le précédent Secrétaire général. A ce poste, il a contribué à renforcer l'Alliance atlantique notamment vis-à-vis de la Russie.

Interrogé dans l'émission Tout un monde sur les tensions entre l'OTAN et la Russie, en particulier depuis la crise ukrainienne, Anders Fogh Rasmussen précise qu'il n'y a pas de position antirusse au sein de l'organisation.

"Aucun pays membre de l'OTAN n'a eu la moindre intention d'attaquer la Russie (...) Fondamentalement, la Russie a mal évalué la situation. Toutes les mesures prises par l'OTAN sont défensives et visent à défendre nos alliés contre une éventuelle attaque russe. Toutes les allégations russes sont donc injustifiées. Et je doute que la Russie puisse se permettre une nouvelle course aux armements compte tenu du prix très bas du pétrole."

Confusion semée par Donald Trump

L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord a également fait face aux critiques de Donald Trump alors qu'il était candidat à la présidence américaine. Des propos qui ont aussi préoccupé Anders Fogh Rasmussen, même si le milliardaire a quelque peu mis de l'eau dans son vin après son élection.

"Maintenant, il dit que l'OTAN n'est plus obsolète. Mais lors de sa récente visite à Bruxelles, il n'a pas pris clairement position en faveur de l'article 5 [NDLR: qui a donné naissance à l'OTAN] et n'a pas pris l'engagement que les Etats-Unis défendraient leurs alliés. Cela a a semé beaucoup de confusion. Mais je peux vous assurer que si un allié était attaqué par la Russie, la réplique de l'Alliance serait rapide, forte et déterminée. Ne vous y trompez pas!".

>> Lire aussi : Donald Trump martèle ses exigences lors du sommet de l'OTAN à Bruxelles

Le Congrès soutient une attitude ferme envers la Russie

De son point de vue, la relation entre les Etats-Unis et la Russie est désormais aussi mauvaise que lors de la fin du mandat de la présidence Obama. "Dans ce sens, on verra une certaine continuité dans l'approche américaine".

Et rien ne sert de se focaliser sur les présidents ou les secrétaires d'Etat, juge le Danois: "au Congrès américain, il y a bien un très fort soutien des deux partis en faveur d'une attitude ferme à l’égard de la Russie."

Une position qu'il soutient totalement, "parce que d'expérience, après de nombreuses rencontres avec le président russe Vladimir Poutine, je sais que le seul langage qu'il comprend est celui du pouvoir. La meilleure façon de lui faire prendre conscience qu'il doit engager un dialogue constructif avec l'Occident, c'est de maintenir une position ferme, d'être uni et de montrer aux Russes qu'ils n'ont aucune chance de semer la discorde au sein de l'alliance atlantique".

jzim

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"Le Brexit est un grand désastre pour les Britanniques comme pour les Européens"

Même si le Brexit sera "plus doux" que ce à quoi il s'attendait, Anders Fogh Rasmussen - aujourd'hui à la tête d'un cabinet de consulting international - estime que tout le monde va y perdre.

"Le Brexit est un grand désastre pour les Britanniques comme pour les Européens. C'est un désastre pour le Royaume-Uni parce qu'il perdra de l'argent en quittant le plus grand marché intérieur du monde et il perdra de l'influence sur les accords commerciaux."

"L'Union européenne souffrira aussi parce que les Britanniques ont contribué à une grande part de son budget jusqu'à maintenant. Mais le plus grave, c'est que l'Union va perdre la perspective globale sur les affaires que le Royaume-Uni lui a toujours donnée. Donc, ce qui m'inquiète, c'est que l’Europe se retourne sur elle-même dans les années à venir."