En dix ans, les décès dus aux opiacés ont quadruplé aux Etats-Unis, à plus de 33'000 en 2015.
L'une des causes de l'épidémie est à chercher du côté des antidouleurs, comme l'Oxycodone, ou Oxycontin, un dérivé de la famille des opiacés, prescrit après l'extraction d'une dent, une blessure, etc.
De l'anti-douleur à l'héroïne
Vendus sur ordonnance, hautement addictifs, relativement chers, la consommation de ces anti-douleurs est souvent remplacée à terme par l'héroïne, et leur abus a mené à la catastrophe sanitaire que connaît le pays aujourd'hui.
Fortement impactées par l'épidémie, des collectivités américaines, à l'instar de la ville d'Everett (Washington), se mobilisent désormais pour faire assumer la responsabilité aux sociétés pharmaceutiques, comme le laboratoire Purdue, qui fabrique l'Oxycontin.
Surveiller les ordonnances
La lutte contre l'abus d'analgésiques s'organise également: l'Etat de Washington, par exemple - où les opiacés tuent désormais plus que les accidents de la route - a mis en place un programme de surveillance des ordonnances, qui permet de détecter les utilisations ou prescriptions abusives.
Aviva Fried/kkub
Situation "très différente" en Suisse
En Suisse, la consommation d'oxycodone a augmenté de 68% en quatre ans, entre 2012 et 2016. Pour les spécialistes, ces chiffres sont toutefois loin d'être alarmants: la croissance est due à une effet de rattrapage, la médecine suisse prescrivant moins de morphine que dans d'autres pays d'Europe
"La situation est très différente", a confirmé Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand d'étude des addictions, dans l'émission Mise au point dimanche, évoquant le système de santé et l'accès aux soins, "beaucoup plus développé qu'aux Etats-Unis". "Nous avons en Suisse de bons garde-fous, notamment sur les prescriptions, et un système d'aide efficace, comme les ambulances", a-t-il expliqué.
Si les anti-douleurs opiacés n'ont pas inondé le marché noir, c'est que ce dernier est "relativement stable" en Suisse, avec des acteurs "beaucoup moins agressifs qu'aux Etats-Unis", note l'expert.
>> L'interview de Jean-Félix Savary: