L'Amérique latine vit actuellement une période charnière avec un basculement politique majeur entre la gauche et la droite. La RTS a fait le point dans une série d'éclairages, du 3 au 7 juillet dans le Journal du matin.
Les pouvoirs en place
La série "Mais où est passé Simon Bolivar?", en référence au libertador, anti-colonialiste latino-américain qui a inspiré les gouvernements et mouvements de gauche, s'intéresse à l'affaiblissement de la gauche en Amérique latine.
En effet, plusieurs pays ont récemment basculé à droite ou montrent des signes d'un tel basculement. La carte interactive ci-dessous présente la situation politique actuelle des pays d'Amérique latine.
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"Mais où est passé Simon Bolivar?"
EPA/Keystone - Ahmed Velasquez
Fidel Castro à Cuba, Hugo Chavez au Venezuela ou Lula au Brésil, plusieurs grands leaders charismatiques ont quitté le pouvoir durant ces dix dernières années.
Le 5 mars 2013, Nicolas Maduro annonce, en larmes, la mort d'Hugo Chavez, père du mouvement bolivarien révolutionnaire et tenant du socialisme du 21e siècle. Puis, en l'espace de 18 mois, s'ensuivent des défaites en cascades.
A la fin 2015, Mauricio Macri défait les péronistes en Argentine, le Parlement vénézuélien bascule à droite et l'ancien guérillero uruguayen "Pepe" Mujica quitte le pouvoir. Dans la foulée, Dilma Rousseff est destituée au Brésil, Rafael Correa est remplacé par un successeur plus modéré en Equateur, et le Bolivien Evo Morales se voit privé d'un 4e mandat. De son côté, Cuba perd son président révolutionnaire Fidel Castro.
La droite doit encore faire ses preuves
Alors que les observateurs s'accordent à dire que c'est la fin d'un cycle politique, la droite doit encore réussir l'épreuve du pouvoir.
Ces prochains mois, plusieurs pays feront office de laboratoire: l'Argentine, ou les politiques d'austérité de Mauricio Macri sont de plus en plus impopulaires et le Brésil, où Lula pourrait faire son retour.
La transition politique qui va se jouer à Cuba sera aussi cruciale: Raul Castro a dit qu'il quitterait le pouvoir l'an prochain. Enfin, l'issue de la crise vénézuélienne devrait aussi déterminer la route politique que suivra l'Amérique latine ces prochaines années.
Lula ou l'accès au pouvoir du Parti des Travailleurs au Brésil
Dès le début du mandat du président Lula en 2003, les Brésiliens ont entendu parler de Bolivar et de son rêve d'intégration. C’est aussi un rêve caressé dans le programme du Parti des Travailleurs (PT) qui arrive enfin au pouvoir après trois tentatives infructueuses.
L’ancien syndicaliste ne va pas radicalement bouleverser la politique externe brésilienne mais il lui donne de nouvelles orientations. Cette politique a un objectif central: développer les relations sud-sud, en commençant par ses plus proches voisins.
Les FARC en Colombie
La Colombie a toujours été gouverné par la droite, mais a abrité une des dernières grandes guérillas d'Amérique latine: les Farc. Ceux-ci revendiquent l'héritage de Simon Bolivar.
Actuellement, il n'y a quasiment plus de révolutionnaires en armes en Amérique latine. Les Farc ont officiellement déposé les armes en juin dernier, comme le prévoyait l'accord de paix avec le gouvernement. Pour beaucoup de Colombiens, les Farc ont perdu depuis longtemps leur motivations idéologiques et, selon eux, se sont transformés en groupe mafieux.
Toutefois, comme l'explique à la RTS Julian Conrado, l'un des commandants du groupe rebelle, les ex-combattants se revendiquent toujours comme les libérateurs du peuple.
Le Salvador lutte encore contre le néocolonialisme ultralibéral
Le Salvador est toujours gouverné par la gauche depuis 2009. A l'heure actuelle c'est un ancien leader du Front Farabundo Marti de Libération nationale, Salvador Sánchez Ceren, qui occupe la présidence.
Le Salvador est un tout petit pays de six millions d'habitants, qui a repris à son compte certaines des luttes emblématiques contre le néocolonialisme ultralibéral en Amérique latine.
Le pays dispose d'ailleurs d'une loi unique au monde qui interdit les mines de métaux, principalement d'or et d’argent, dans le but de protéger l'environnement et la santé des habitants.
La crise économique enflamme les rues au Venezuela
Depuis plusieurs semaines, les rues de Caracas et des autres villes du Venezuela sont devenues presque quotidiennement le théâtre de scènes de guerre.
Tous les jours, ou presque des centaines de milliers de manifestants descendent dans la rue. Ils réclament le départ du président Nicolas Maduro, mais c'est surtout la crise économique qui provoque leur fureur.
Les raisons du chaos
Les manifestations de rue se muent en bain de sang et parallèlement, le gouvernement de Nicolas Maduro et l'opposition se livrent une guerre juridique et institutionnelle sans merci pour tenter de s'accaparer le pouvoir.
Miné par la récession et les pénuries, le Venezuela est de plus en plus isolé sur la scène internationale. Où sont passées les réussites sociales, géopolitiques, et culturelles de la révolution bolivarienne si chère à Hugo Chavez? Quelles sont les raisons du chaos dans lequel s'est enfoncé un pays qui suscitait il y a encore peu l'enthousiasme?