La "réorientation" des relations avec la Turquie voulue par Berlin "inclut tous les domaines, y compris la politique en matière d'exportations d'armes. C'est pourquoi les demandes d'exportations d'armement font actuellement l'objet d'un réexamen", a indiqué un porte-parole du ministère de l'Economie.
Il a ainsi partiellement confirmé des informations du quotidien Bild, qui affirme dans son édition de vendredi que le gouvernement a en réalité déjà "gelé toutes les livraisons en cours ou prévues à la Turquie" dans ce secteur.
"Le critère du respect des droits de l'Homme joue un rôle particulièrement important en matière de décisions sur les exportations d'armes", a souligné le porte-parole du ministère de l'Economie.
L'Allemagne a déjà pris des mesures
Le bras droit d'Angela Merkel à la chancellerie allemande, Peter Altmaier, n'a pour sa part pas exclu vendredi de nouvelles mesures de rétorsion contre la Turquie après les sanctions économiques mentionnées la veille.
Suite aux purges massives engagées en Turquie après la tentative de putsch de juillet 2016, l'Allemagne a, selon plusieurs médias, déjà bloqué onze exportations "d'armes de poing, de munitions ou de composants d'armement" à destination de ce pays, en raison de craintes qu'elles soient utilisées dans le cadre de la répression contre des opposants au régime.
Berlin a frappé jeudi son partenaire historique au portefeuille en renforçant ses mises en garde concernant les déplacements en Turquie et en menaçant de bloquer ses aides aux investissements ou exportations en Turquie.
ats/ptur
Gel des fonds européens envisagé
Peter Altmaier a confirmé vendredi que son gouvernement voulait aussi obtenir à Bruxelles le gel de fonds européens destinés à la Turquie dans le cadre de son rapprochement avec l'Union européenne.
Quelque 4,45 milliards d'euros (4,9 milliards de francs) sont en principe prévus pour la période courant de 2014 à fin 2020. Mais, signe des tensions, seulement 200 millions d'euros ont à ce jour été versés.
Le président turc ne veut pas se laisser intimider
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a répliqué vendredi en affirmant que son pays ne serait pas effrayé par ces "menaces", et défendu l'indépendance de la justice turque face aux critiques de Berlin.
"Ils ne peuvent pas nous faire peur avec ces menaces", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Ankara, ajoutant que la "justice turque est plus indépendante" que celle de l'Allemagne.