"Je quitte cette commission qui n'est portée par aucune volonté politique", a annoncé Carla Del Ponte en marge du Festival du film de Locarno, allant jusqu'à affirmer que sa présence au sein de la commission de l'ONU n'était plus qu'un "alibi".
Selon l'ancienne procureure de la Confédération, le Conseil de sécurité de l'ONU est bloqué par les vetos russes et chinois. "Je n'ai aucun pouvoir tant que le Conseil de sécurité ne fait rien", a-t-elle déclaré. "Nous sommes impuissants, il n'y a pas de justice pour la Syrie."
"Il n'y a pas de responsabilité criminelle et pourtant des crimes sont commis tout le temps en Syrie", a ajouté Carla Del Ponte dimanche soir dans l'émission Forum de la RTS, dénonçant "l'inactivité totale" et "l'impunité totale" dans le pays. Un pays dévasté, dit-elle, où les "méchants" affrontent d'autres "méchants", l'opposition démocratique n'existant plus.
Sans illusion
Sa déclaration a fait l'objet de nombreuses questions de la part du public présent à Locarno, qui s'attendait à assister à une présentation du combat de la Tessinoise pour la mise en place d'un tribunal ad hoc pour les crimes en Syrie.
La décision de Carla Del Ponte est-elle définitive? "Oui, sauf si demain le Conseil de sécurité institue un Tribunal international pour la Syrie et me nomme procureure", a-t-elle répondu avec vigueur dans Forum, ne croyant guère à un tel scénario.
Elle dit en revanche ne "pas perdre espoir" qu'un tel tribunal voit le jour à l'avenir. "Mais plus le temps passe, moins ce tribunal sera efficace."
La magistrate suisse était membre depuis 2012 de cette commission d'enquête indépendante créée sous les auspices du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Elle quittera l'instance d'ici la fin septembre.
tmun