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Max Lobe: "Il faut laisser les jeunes nations africaines trouver leur voie"

Max Lobe: "La démocratie est un terme galvaudé"
Max Lobe: "La démocratie est un terme galvaudé" / L'actu en vidéo / 1 min. / le 8 août 2017
Alors que le Kenya est sous tension à l'heure d'élire un président, plusieurs pays d'Afrique sont en ébullition politique. Pour l'écrivain camerounais Max Lobe, ces Etats doivent "trouver leur voie" démocratique.

Des législatives ont eu lieu au Sénégal et au Congo-Brazzaville récemment, souvent avec une vive opposition, voire des flambées de violences, et des soupçons fréquents de fraude électorale.

Au Rwanda, le président Paul Kagame, en place depuis 1994, a été réélu dimanche par 98% des voix. Présenté en modèle, il a redressé son pays après la crise engendrée par le génocide. "Il a remis le pays sur les rails. On parle d'une croissance de 7 à 8%. Mais est-ce que cela explique les 98%?", s'interroge l'écrivain camerounais Max Lobe, installé en Suisse depuis 13 ans, mardi dans le Journal du matin de la RTS. Pour lui, "le Rwanda n'a pas de vraie opposition".

La démocratie est un mot galvaudé, balancé par les Occidentaux pour revendiquer tout et n'importe quoi.

Max Lobe, écrivain camerounais

Peut-on parler de démocratie? "Il y a une dose de démocratie... C'est déjà pas mal. Il n'y a pas de démocratie parfaite", estime l'auteur.

"Il faut laisser ces jeunes nations trouver leur voie, qui ne sera peut-être pas la démocratie à la Suisse", ajoute-t-il.

"Une continuité nécessaire"

"Il y a un sentiment de bon résultat" au Rwanda, reprend Max Lobe. "Le sentiment que les choses avancent permet aux gens de garder un président au pouvoir", analyse Max Lobe.

Interrogé sur la longévité de certains dirigeants africains, à l'instar du président du Cameroun Paul Biya, en place depuis 40 ans, Max Lobe estime que "cette continuité est nécessaire" à certains pays.

"Pourquoi changer une équipe qui gagne s'il y a un sentiment que les résultats sont là, au lieu de prendre quelqu'un de jeune, qui serait accepté par ce qu'on appelle la communauté internationale, mais qui ferait pire que son prédécesseur?".

"L'arnaque" de la communauté internationale

Une communauté internationale que l'écrivain qualifie de "grosse arnaque", de par "les intérêts" poursuivis par ses acteurs.

Pour lui, les entreprises européennes se font beaucoup d'argent en Afrique, mais paient peu d'impôts en Europe. "Nestlé, Glencore... j'aimerais bien qu'ils puissent payer un impôt sur l'environnement dans certains pays africains, car beaucoup de déchets y sont rejetés". "Cela serait plus juste que l'aide au développement, et moins vertical", estime-t-il.

jvia

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"Tous les ingrédients pour une détonation" au Kenya

La population kenyane se rend mardi aux urnes pour élire son président. Mais des milliers de personnes ont déjà fui la capitale Nairobi, avec en mémoire le spectre de la crise post-électorale de décembre 2007. A l'époque, le résultat contesté par l'opposition avait fait plus de 1200 morts dans des affrontements ethniques.

Max Lobe parle d'une "mesure de prévention". "Une fois que le serpent vous a mordu, même le ver de terre vous fait peur. (...) Une élection comme celle-ci a tous les ingrédients pour qu'il y ait une détonation. Les gens se préparent déjà", estime-t-il. Il se dit toutefois "étonné" des habitants qui "s'inscrivent à Nairobi, mais fuient avant de voter".

Etabli à Genève depuis ses 18 ans

Max Lobe a grandi dans une famille de 7 enfants à Douala, au Cameroun, avant de partir pour la Suisse à 18 ans. Agé aujourd'hui de 31 ans, il vit à Genève.

Il a suivi des études en communication et journalisme à Lugano, puis un master en politique et administration publique à Lausanne. Son roman "39 Rue de Berne", aux éditions Zoé, a reçu en 2014 le Prix du Roman des Romands.

Bien connu dans le monde littéraire romand, il a publié plusieurs autres ouvrages, notamment "La Trinité bantoue" en 2014.