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L'Italie salue le contrôle mis en place par la Libye face aux migrants

L'Italie a vu débarquer plus de 600'000 migrants depuis 2014, essentiellement passés par la Libye. [AP/Keystone - Petros Giannakouris]
L'Italie a vu débarquer plus de 600'000 migrants depuis 2014, essentiellement passés par la Libye. - [AP/Keystone - Petros Giannakouris]
Le gouvernement italien s'est félicité dimanche de l'intensification par Tripoli du contrôle des eaux libyennes, saluant "un rééquilibrage en cours en Méditerranée" pour réduire les départs de migrants.

"Le gouvernement libyen de Fayez al-Sarraj a demandé l'aide de l'Italie et il est prêt à mettre en place la zone Sar dans ses eaux, collaborer avec l'Europe et investir dans les garde-côtes: tout ceci est signe d'un rééquilibrage en cours en Méditerranée", a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Angelino Alfano, dans le quotidien La Stampa.

La marine libyenne a annoncé jeudi la création au large du territoire d'une zone de recherche et de sauvetage, qu'elle interdit sauf autorisation aux navires étrangers, en particulier aux ONG patrouillant pour secourir des migrants, ce qui a incité Médecins sans frontières à annoncer samedi le suspens de ses activités.

>> Lire : Médecins sans frontières suspend ses sauvetages en Méditerranée

Pour le ministre italien Angelino Alfano, "la décision de MSF rentre aussi dans le cadre d'un réajustement des équilibres: ces eaux ne sont plus à personne, mais sont celles de la Libye".

Nous devons éviter les morts en mer en réduisant les départs et contribuer économiquement pour que les camps en Libye aient des normes adéquates

Angelino Alfano, ministre italien

"Nous avons fait deux choix: celui de soustraire des gains criminels aux trafiquants -parce que moins il y a de personnes qui partent, moins cela rapporte aux trafiquants- et celui de financer les agences de l'Onu -l'UNHCR et l'OIM- pour assurer des normes respectueuses des droits humains dans les camps libyens", a insisté Angelino Alfano.

Un "énorme investissement" en Afrique

Le chef de la diplomatie italienne semble aussi donner raison à l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, qui a estimé à "20 milliards de dollars sur 20 ou 25 ans" l'effort européen nécessaire pour aider à bloquer les flux de migrants à la frontière sud du pays, dans un entretien paru samedi dans la presse italienne.

>> Lire aussi : Pour 20 milliards, la Libye pourrait bloquer les migrants à sa frontière sud

"On a besoin d'un énorme, je répète un énorme, investissement économique de l'Europe en Libye et en Afrique. L'Europe doit décider si le thème des migrations est une priorité absolue à l'instar de l'économie. Pour nous, ça l'est", a conclu Angelino Alfano.

Limiter les arrivées en Italie

Alors que l'Italie a vu débarquer plus de 600'000 migrants depuis 2014, essentiellement passés par la Libye, Rome tente de fermer la route, avec le soutien de ses partenaires européens et de l'ONU.

L'Italie cherche également à limiter l'afflux de migrants en Libye même, grâce à un meilleur contrôle des frontières sud et à une coopération avec des pays de transit comme le Niger, le Tchad et le Mali.

ats/hend

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Après MSF, d'autres ONG suspendent les secours

Deux organisations humanitaires ont emboîté le pas de Médecins sans frontières (MSF), dimanche, en annonçant la suspension de leurs opérations de sauvetage des migrants en Méditerranée en raison de menaces des garde-côtes libyens.

Les ONG britannique Save the Children et allemande Sea Watch ont indiqué que leurs équipages ne pouvaient plus travailler en toute sécurité en raison de l'attitude hostile des autorités libyennes. MSF a invoqué la même raison pour suspendre ses opérations.

"Nous laissons un vide mortel en Méditerranée", prévient le fondateur de Sea Watch, Michael Busch Heuer, sur sa page Facebook, en soulignant que son organisation avait sauvé environ 12'000 personnes en Méditerranée depuis le début de sa présence en avril 2016 grâce à des centaines de volontaires.