Au pouvoir depuis 12 ans en Allemagne, Angela Merkel vise un quatrième mandat consécutif à la tête du pays. Même si elle et son parti, la CDU, ont été ébranlés par la crise des réfugiés, "Mutti" bénéfice toujours d'une bonne popularité et d'une solide avance dans les sondages.
Après avoir un temps semblé proche de la surprise, Martin Schulz et le SPD vont certainement peiner à déjouer les pronostics, même si l'ancien président du Parlement européen mène une campagne assez agressive.
"Merkel ou Merkel, l'Allemagne n'a-t-elle que ce choix?", a ainsi résumé récemment le principal talk-show dominical allemand. "Aucun désir de changement où que ce soit. Les Allemands vont trop bien pour qu'une réelle insatisfaction envers le gouvernement se développe", a abondé le quotidien Die Welt.
Angela Merkel promet le plein emploi
Jusqu'ici, Angela Merkel demeure très discrète dans la campagne, préférant avancer la stabilité de ses mandats et le bilan de ses années à la Chancellerie, notamment la santé du marché allemand ou la division du nombre de chômeurs depuis 2005. La chancelière a toutefois martelé l'objectif du "plein emploi pour 2025", c'est-à-dire un taux de chômage sous les 3%.
"Je crois que l'on peut y arriver", a assuré la dirigeante chrétienne-démocrate, dans une formule qui rappelle celle employée face au défi d'accueillir des centaines de milliers de migrants durant l'année 2015.
A 63 ans, Angela Merkel figure parmi les dix femmes les plus puissantes au monde depuis une dizaines d'années, elle a été désignée personnalité de l'année 2015 par Time et elle perçue comme le principal moteur d'une Union européenne en difficulté avec le Brexit.
Martin Schulz sur le terrain
A 61 ans, Martin Schulz n'a lui pas ménagé ses efforts pour se démarquer de la chancelière bien que son parti soit dans la coalition au pouvoir, multipliant les propositions contre les inégalités sociales, sillonnant le pays à la rencontre des électeurs et enchaînant les interviews.
L'ancien dirigeant européen a aussi essayé de donner un électrochoc en accusant sa rivale de porter atteinte aux principes démocratiques en refusant le combat. "Une chancelière qui ne dit pas aux électeurs ce qu'elle compte faire néglige son devoir, et met en danger l'avenir de notre pays", a-t-il lâché.
Reste que les sociaux-démocrates sont confrontés à un dilemme: comment se différencier d'une chancelière avec laquelle ils gouvernent sans pour autant renier leur bilan économique plutôt reluisant?
Quelle coalition au pouvoir?
Pour beaucoup d'observateurs, l'enjeu du scrutin du 24 septembre réside au final de savoir si Angela Merkel formera encore une coalition avec le SPD, si ce sera de nouveau le tour des libéraux du FDP, ou si cette fois ce sont les Verts qui entreront au gouvernement.
Le score des populistes de droite de l'AfD, qui surfe sur les inquiétudes liées à la crise migratoire, sera aussi scruté de près. L'Alternative pour l'Allemagne oscille entre 7 et 9% des intentions de votes, loin de son pic à 15%.
Frédéric Boillat avec agences
630 sièges à pourvoir
Concrètement, le chancelier allemand n'est pas élu directement au suffrage universel direct, comme c'est le cas en France par exemple. Il est élu par le Bundestag, la Chambre basse du Parlemen.
Comme le Bundestag compte 630 sièges, un parti doit obtenir 316 sièges pour avoir la majorité absolue et avoir le choix du chancelier. En pratique, le dirigeant allemand est donc choisi par le parti majoritaire ou, à défaut, par la coalition majoritaire formée après les élections.
La durée du mandat du chancelier est la même que ceux des élus du Bundestag: 4 ans.
Les derniers sondages
Les derniers sondages pronostiquent une large victoire de la CDU et de son alliée bavaroise de la CSU avec 38 à 40% des intentions de vote. Le SPD atteint 22 à 25% des voix.
Pour la troisième place, une lutte à quatre s'annonce indécise entre le parti de la gauche radicale Die Linke, les libéraux du FDP, les les écologistes et le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), tous crédités de 8% des voix.