"D'ici la fin de l'année, un accord à la majorité qualifiée pour revoir la directive travailleurs détachés est possible. Et il est possible selon les termes ambitieux mis sur la table par la France", a déclaré Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre bulgare Boïko Borissov à Varna, dans l'est de la Bulgarie
Le chef d'Etat français, qui boucle vendredi une tournée de trois jours en Europe centrale et orientale, a apporté son soutien à la Bulgarie pour son accession à un espace Schengen rénové et à son entrée dans le mécanisme de taux de change ERM-2, perçu comme l'antichambre de la zone euro.
"Pas isolé"
Un peu plus tôt, Emmanuel Macron avait violemment critiqué le refus polonais de durcir la directive sur le travail détaché, "une nouvelle erreur" de Varsovie qui selon lui se met "en marge" de l'Europe sur "de nombreux sujets".
"La Pologne n'est pas isolée", lui a rétorqué le chef de la diplomatie polonaise Witold Waszczykowski. "Nous accueillons aujourd'hui une réunion importante, le président Macron ne suit donc pas attentivement les informations", a-t-il lancé, s'adressant à la presse en compagnie de ses homologues roumain et turc, et du secrétaire général de l'OTAN.
Peut-être, ses déclarations arrogantes sont-elles dues à son manque d'expérience et de pratique politique, ce que j'observe avec compréhension, mais j'attends qu'il rattrape rapidement ces lacunes et qu'il soit à l'avenir plus réservé.
Dans l'intérêt des travailleurs polonais
Ces échanges houleux ont commencé après le refus de Varsovie de revenir sur la directive européenne sur le travail détaché, alors que le président français demande son durcissement (lire en encadré).
"Nous défendrons jusqu'au bout notre position, car c'est une position qui est dans l'intérêt des travailleurs polonais", avait déclaré la Première ministre polonaise Beata Szydlo.
agences/br/fme
La France très concernée
Datant de 1996, la directive permet à une entreprise de l'UE d'envoyer à titre provisoire dans d'autres pays de l'Union ses salariés en continuant à payer les cotisations sociales dans le pays d'origine. Pour Emmanuel Macron, cette directive constitue une concurrence déloyale pour le marché du travail français et injuste pour les travailleurs français.
La Pologne est le pays qui profite le plus de cette directive et est farouchement hostile à toute réforme. Quelque 500'000 Polonais sont employés par des entreprises polonaises dans d'autres pays de l'UE. Et la France est le deuxième pays d'accueil, derrière l'Allemagne.