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Affaiblie après les législatives, Angela Merkel part en quête d'alliés

Angela Merkel au soir des législatives allemandes. [Keystone - EPA/Carsten Koall]
Angela Merkel au soir des législatives allemandes. - [Keystone - EPA/Carsten Koall]
Victorieuse mais affaiblie par un score décevant, la chancelière allemande Angela Merkel s'attelle lundi à la tâche difficile de former une nouvelle majorité, en tenant compte de la percée historique de la droite nationaliste.

Lundi matin, l'état-major de son parti conservateur CDU se réunit pour tirer les premières leçons d'un scrutin législatif où il n'a recueilli que 33% des voix, son plus mauvais score depuis 1949.

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La quatrième victoire consécutive de la chancelière, au pouvoir depuis 2005, a un goût amer pour elle. Et les premiers signes de contestation sont apparus du côté de ses alliés conservateurs bavarois de la CSU, qui militent depuis deux ans pour qu'Angela Merkel entame un virage à droite.

Une partie de l'électorat conservateur - un million de personnes selon les sondages - a rejoint l'AfD (Alternative für Deutschland). Ce mouvement populiste, qui a fait du rejet de l'accueil massif des migrants décidé par la chancelière en 2015 son grand cheval de bataille, a obtenu 12,6% des suffrages (lire encadré).

Formation d'un gouvernement compliquée

Pour Angela Merkel, la formation d'un gouvernement s'annonce très compliquée. Laminés, les sociaux-démocrates du SPD ont décidé de quitter la coalition avec la chancelière et de rejoindre les bancs opposition.

Ne reste qu'une solution majoritaire dans le nouveau Bundestag: une alliance inédite au niveau national réunissant les conservateurs, les Libéraux du FDP et les Verts.

Des mois de négociations?

Mais ces deux derniers partis s'opposent sur bien des dossiers clés comme l'immigration, l'avenir du diesel et la sortie du charbon.

Le chef des libéraux, Christian Lindner, a déjà fixé une condition pour entrer au gouvernement: le rejet des idées de réforme de la zone euro portées par le président français Emmanuel Macron. Les négociations pourraient donc prendre des mois.

Ce n'est qu'après l'officialisation d'une nouvelle coalition qu'Angela Merkel pourra formellement être désignée chancelière une quatrième fois. Autrement, de nouvelles élections pourraient être convoquées.

afp/vkiss

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Le choc de l'entrée de l'AfD au Bundestag

L'entrée de l'AfD dans la chambre des députés est un vrai choc pour de nombreux Allemands, l'identité d'après-guerre reposant justement sur la lutte contre les extrêmes, la quête du compromis et la repentance pour les crimes du IIIe Reich.

Le quotidien Bild évoque "un séisme" et Die Welt un "triomphe de la campagne de la peur" quand l'un des chefs de l'AfD, Alexander Gauland, jubile et déclare "la chasse" ouverte "à Madame Merkel".

Le Congrès juif mondial a lui qualifié l'AfD de "mouvement réactionnaire honteux qui rappelle le pire du passé".

Les résultats définitifs

Les chiffres entre parenthèses indiquent l'évolution par rapport au précédent scrutin de 2013.

Conservateurs (CDU/CSU): 33% (-8,5)

Sociaux-démocrates (SPD): 20,5% (-5,2)

Alternative pour l'Allemagne (AfD): 12,6% (+7,9)

Libéraux (FDP): 10,7% (+5,9)

Gauche radicale (Die Linke): 9,2% (+0,6)

Ecologistes (Verts): 8,9% (+0,5)