Le président de la région autonome, Massoud Barzani, avait invité dès mardi en annonçant la victoire du oui le gouvernement irakien à entamer avec lui "un dialogue sérieux (...) plutôt que de brandir des menaces". Le Premier ministre irakien a de son côté exclu de négocier avec Erbil.
"Il se peut que nous ayons à faire face à des difficultés, mais nous les surmonterons", a promis le président du Kurdistan irakien, invitant la communauté internationale à "respecter la volonté des millions de personnes" qui se sont prononcées en faveur de l'indépendance.
Bagdad veut envoyer son armée
Quelques heures à peine après le début du vote lundi, le Parlement irakien à Bagdad, en présence des députés arabes et en l'absence de leurs camarades kurdes, avait voté une résolution "exigeant du commandant en chef de l'armée (le Premier ministre Haider al-Abadi) de déployer des forces dans toutes les zones" disputées par Bagdad et la région du Kurdistan.
Ces régions sont la riche province pétrolière de Kirkouk et des secteurs de celle de Ninive, de Dyala et de Salaheddine. La plupart avaient été conquises par les peshmergas, les combattants kurdes, en 2014, à la faveur du chaos qui a régné dans le pays après l'offensive des djihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Long chemin avant l'indépendance
Malgré le verdict de ce scrutin, le rêve d'indépendance des Kurdes, chéri depuis un siècle, ne devrait pas être réalité dans un futur proche.
Massoud Barzani avait lui-même affirmé que ce vote ne serait pas aussitôt suivi d'une déclaration d'indépendance mais marquerait le début de "discussions sérieuses" avec Bagdad pour régler les contentieux.
Plus de 3,3 millions de personnes se sont rendues aux urnes, soit 72,16% des inscrits, selon la commission électorale.
afp/cab
Condamnations et inquiétudes
"Les Etats-Unis sont profondément déçus de la décision du gouvernement régional du Kurdistan de mener aujourd'hui un référendum unilatéral sur l'indépendance", a indiqué lundi soir un communiqué du département d'Etat, craignant que ce scrutin "augmente l'instabilité et les difficultés" de la région.
Ce référendum, sévèrement dénoncé par le Premier ministre irakien comme une "décision unilatérale affectant l'unité de l'Irak et sa sécurité ainsi que la sécurité de la région", a également été rejeté par la Turquie, la Syrie et l'Iran, trois autres pays comptant des minorités kurdes.
A New York, le chef de l'ONU Antonio Guterres s'est répété lundi "préoccupé" par le risque de déstabilisation, appelant au "dialogue et à des compromis".
Multiples craintes des pays voisins
Pour Bagdad, Ankara, Damas ou Téhéran, le risque est clair: que ce scrutin fasse tâche d'huile et que la carte de la région, dessinée après la Première guerre mondiale sur les dépouilles de l'Empire ottoman, ne soit redessinée. C'est cette même carte, issue du traité de Lausanne de 1923, que les Kurdes n'ont jamais acceptée, voyant alors leur Etat rêvé morcelé en quatre.