Carles Puigdemont, le guide jusqu'au-boutiste des séparatistes catalans

"C'était une arrivée à la dernière minute, accidentelle et par une porte dérobée", raconte Carles Puigdemont en se souvenant de son élection à la tête du gouvernement de Catalogne. Le 10 janvier 2016, le quinquagénaire succède à Artur Mas, poussé vers la sortie par l'extrême gauche qui l'accusait de mener une politique d'austérité.

Le reste de l'Espagne découvre alors ce père de famille originaire d'une petite ville de la province de Gérone. Un an et demi plus tard, c'est sur les écrans de toute l'Europe que s'affiche le visage du 130e chef de l'exécutif catalan, après la tenue dimanche dernier du référendum sur l'indépendance de la région.

Avec sa "coupe de membre des Beatles" qui cache "une vilaine cicatrice" et "son élégance d'intellectuel de salon", Carles Puigdemont et son intransigeance surprennent la presse internationale.

"Il a toujours eu ces convictions"

Ceux qui le connaissent ne doutaient pourtant pas de la détermination du Géronais. "En Catalogne, beaucoup sont devenus indépendantistes à la suite d'une réaction allergique à la politique de Madrid", explique à l'AFP un ami du politicien, l'écrivain Antoni Puigverd. "Mais pas lui, il a toujours eu ces convictions."

Né en 1962 à Amer, petite ville de 2000 habitants, Carles Puigdemont devient journaliste après des études de linguistique et sciences humaines catalanes. Militant dès sa prime jeunesse, il rejoint la rédaction du journal catalan El Punt, puis lance l'Agence catalane d'informations (ACN) et Catalonia Today, une revue en anglais.

Celui que ses amis surnomment "Puigdi" débute sa carrière politique au Conseil municipal de Gérone en 2007. Quatre ans plus tard, il est élu maire de la ville et déloge ainsi les socialistes au pouvoir depuis trois décennies. Parmi ses faits d'armes à Gérone: la venue de l'équipe de Game of Thrones dans la ville catalane pour le tournage d'un épisode... et l'installation du wifi public.

Un communicant hors pair

Les nouvelles technologies et la communication, l'ancien journaliste les maîtrise bien. Polyglotte, il tweete frénétiquement depuis dix ans, que ce soit en catalan, en anglais ou en français:

Le Géronais suit la presse internationale de près, écrit des billets d'opinion dans le quotidien britannique The Guardian et accorde régulièrement des entretiens aux journalistes étrangers. Il s'est exprimé encore cette semaine dans le journal allemand Bild.

Alors que Madrid l'accuse d'avoir enfreint la loi en organisant le référendum interdit par la Cour constitutionnelle, Carles Puigdemont déclare dans l'interview publiée jeudi s'attendre à tout. "Mon arrestation est aussi possible, ce qui serait un acte barbare", dit-il. "Mais personnellement, je ne crains pas ça."

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Tamara Muncanovic