Sur ces images réalisées le 16 octobre par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), on voit de longues files de réfugiés massés sur les berges du fleuve Naf, la frontière naturelle entre la Birmanie et le Bangladesh.
Selon les derniers chiffres de l'ONU, 582'000 Rohingyas ont fui la Birmanie pour le Bangladesh depuis le 25 août, début de la sévère répression menée par l'armée birmane contre cette minorité musulmane. Et 2000 exilés continuent à arriver chaque jour dans le pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations.
Des semaines de marche
"Depuis dimanche soir, 10'000 à 15'000 réfugiés rohingyas sont entrés au Bangladesh en passant par le poste-frontière de Anjuman Para dans le district d'Ukhia, au sud-est du pays", a indiqué le porte-parole du HCR mardi.
Il a souligné que nombre de ces réfugiés avaient à l'origine choisi de rester dans la partie nord du Rakhine, foyer traditionnel de leur communauté, malgré les menaces de mort. "Ils ont finalement décidé de s'enfuir quand leurs villages ont été incendiés", a-t-il ajouté.
Beaucoup d'entre eux restent regroupés dans des rizières au Bangladesh et attendent la permission de pouvoir se déplacer à l'intérieur du pays. Selon des employés du HCR, certains réfugiés ont dû marcher pendant près d'une semaine pour atteindre la frontière.
agences/boi
Le plus grand camp de réfugiés au monde
A la frontière, les autorités du Bangladesh ont verrouillé l'accès à leur pays, submergé par cet exode des Rohingyas. Depuis lundi, les Rohingyas qui ont passé la frontière ont été repoussés vers un no man's land situé entre les deux pays, a déclaré un responsable des gardes-frontières.
"Le HCR encourage les autorités du Bangladesh à accepter sans tarder ces réfugiés (...) Chaque minute compte, étant donné les conditions fragiles dans lesquelles ils sont arrivés", a souligné le porte-parole de l'organisation.
Le camp de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh, dont la capacité devrait être portée à 800'000 places afin d'accueillir les Rohyngias, est de loin le plus grand au monde, selon le HCR. Jusqu'ici, le camp de Bidibidi, en Ouganda, était considéré comme le plus grand avec quelque 285'000 réfugiés fuyant la guerre civile qui ravage le Sud-Soudan.
Appel d'Amnesty
La communauté internationale doit "passer à l'action" pour mettre fin à la campagne de répression "systématique, planifiée et impitoyable" de l'armée birmane contre les Rohingyas, a estimé mercredi Amnesty international, qui évoque la "pire crise des réfugiés" dans la région depuis des décennies.
AI estime qu'il est temps d'"interrompre la coopération militaire, d'imposer un embargo sur les armes et d'imposer des sanctions ciblées contre les responsables d'atteintes aux droits humains".
En se basant sur l'analyse d'images satellites et de témoignages de survivants, l'ONG dit détenir de nouveaux éléments qui "attestent de crimes contre l'humanité systématiques visant à terroriser et chasser les Rohingyas".