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"Raqa est une ville fantôme, il n'y a plus aucun civil à l'intérieur"

Que faire des combattants djihadistes étrangers de Raqa? [Reuters - Erik De Castro]
Premiers témoignages de la situation après la libération de Raqa / Tout un monde / 6 min. / le 19 octobre 2017
Après l'annonce mardi de la libération de la ville syrienne de Raqa, après quatre mois de combats contre les djihadistes du groupe Etat islamique, les premiers témoins sur place mesurent l'ampleur des dégâts.

Les combattants syriens ont ratissé mercredi la ville dévastée de Raqa, vidée de ses habitants. Quelques rares journalistes occidentaux, dont Omar Ouahmane, journaliste à Radio France, ont pris part à cette incursion pour se rendre dans les quartiers libérés.

"La ville est libérée à hauteur de 90% à 95%", témoigne le journaliste dans l'émission Tout un monde. Il semblerait qu'il y aurait des djihadistes, peut-être étrangers, encore dans la ville, dans des bâtiments isolés, des immeubles évidemment en ruine, peut-être même dans les sous-terrains."

Les civils évacués sont partagés entre la joie d'être libérés de l'Etat islamique (EI) et le désespoir de devoir tout recommencer à zéro, a constaté Omar Ouahmane. "Raqa a été une ville qui comptait entre 250'000 et 270'000 habitants. Aujourd'hui, c'est une ville fantôme, il n'y a plus aucun civil à l'intérieur."

Les civils veulent rentrer chez eux, mais ils ne mesurent pas le prix qu'ils vont payer... tout est à reconstruire

Omar Ouahmane, journaliste à Radio France

Soupçon d'accord avec les djihadistes

Concernant le sort réservé aux combattants de l'EI, la version officielle annonce qu'ils se sont rendus en masse, "ce qui aurait précipité la chute de la ville", déclare le journaliste de France Info.

Mais une version "plus officieuse" se fait persistante sur le terrain: "Un départ négocié de djihadistes, dont des étrangers, dans des bus dans un convoi qui seraient partis dans la province voisine de Deir Ezzor", rapporte Omar Ouahmane. "Ils auraient amené avec eux, selon certaines sources, des civils pour éviter que la coalition ne les bombardent."

C'est invérifiable, mais de très nombreux journalistes, dont je fais partie, pensent que c'est vrai

Omar Ouahmane, journaliste à Radio France

Propos recueillis par Anouk Henry

Texte web: Lara Gross

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Washington et Moscou en course pour le pétrole de l'EI

A la problématique de la reconstruction, s'ajoutent de grandes incertitudes politiques. Raqa délivrée, le combat contre l'Etat islamique n'est pas terminé. "La bataille va se poursuivre plus à l'est, en direction de Deir Ezzor et de la frontière irako-syrienne, c'est là que se trouve tous les cadres de Daech", indique Omar Ouahmane.

Au coeur de cette bataille, la province de Deir Ezzor, riche en pétrole. Et de relever: "Il y a deux offensives: une menée par les Forces démocratiques syriennes, soutenue par Washighton et de l'autre coté une offensive menée par le régime de Bachar al-Assad, avec la collaboration active de l'aviation russe. Il y a une course de vitesse entre ces deux puissances, Washington et Moscou, pour reprendre ces champs pétroliers laissés par Daech."