Celui qui a été pendant quatre ans chef de la diplomatie américaine, pendant la présidence de Barack Obama, s'est montré intransigeant sur la tension entretenue par les tweets du président américain Donald Trump.
"De plus en plus d'Américains trouvent les tweets dérangeants, intempestifs, et faits aux dépens d'un vrai dialogue. Cela crée une politique du chaos, ce n'est pas bon", juge John Kerry.
Situation "sans précédent"
La situation est "sans précédent", et "très, très contre-productive", estime-t-il, critiquant également le rapport tendu entre Donald Trump et l'actuel secrétaire d'Etat Rex Tillerson, sans cesse victime des bâtons dans les roues de son président.
Regrettant la décision de Donald Trump - "prise sans aucune raison scientifique"- de dénoncer l'accord de Paris sur le climat, John Kerry tente l'optimisme.
"Le président a pris une mauvaise décision et cela a un impact. Mais est-ce que cela empêchera pour autant les Etats-Unis d'atteindre les buts de l'accord de Paris? Non!", affirme l'ex-secrétaire d'Etat, prenant en exemple les dizaines de villes et d'Etats mobilisés individuellement pour atteindre ces buts, "et même les dépasser".
"Danger" autour de l'accord iranien
Revenant également sur la décision de Donald Trump de ne pas certifier l'accord iranien sur le nucléaire, John Kerry l'estime "dangereuse".
"Avant l'accord, l'Iran avait les capacités pour construire 10 à 12 bombes atomiques, et était à deux mois d'y parvenir. Maintenant, ils ne peuvent plus, ils ont changé de cap. Défaire cela, voire encourager un conflit potentiel, c'est de la folie", a-t-il martelé, en regrettant la fin d'un accord "âprement négocié pendant plusieurs années avec sept pays."
Déclarant ne pas vouloir "attaquer personnellement" un président sur une chaîne de télévision, John Kerry a néanmoins affirmé que "ce qui se passe aux Etats-Unis actuellement n'est pas un comportement normal. Et de nombreuses personnes y ont profondément inquiètes de la manière dont les décisions sont prises, et de l'absence de stratégie". C'est sans précédent, a-t-il répété.
"Eviter la guerre, faire la paix"
Un éclat de balle de la guerre du Vietnam, toujours logé dans sa jambe, lui aurait donné foi en la diplomatie. "Cela m'a donné une meilleure idée de ce que cette ville (Genève, ndlr) représente, à savoir de rassembler les nations, d'éviter la guerre, et de faire la paix", explique-t-il.
Et de relever aussi la responsabilité des personnalités publiques, "qui doivent comprendre les conséquences de leur décisions".
La version intégrale de l'interview de John Kerry
RTSinfo