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La police catalane tiraillée entre les ordres de Madrid et de Barcelone

Madrid a repris le contrôle de la police régionale catalane, Mossos d'Esquadra. [Yves Herman]
Madrid a repris le contrôle de la police régionale catalane, Mossos d'Esquadra. - [Yves Herman]
Obéir à Madrid ou rester loyal au gouvernement régional destitué? La crise indépendantiste en Catalogne divise les Mossos d'Esquadra, la police catalane, dont le gouvernement central espagnol entend prendre le contrôle.

Les Mossos d'Esquadra se retrouvent au coeur du bras de fer entre le gouvernement espagnol et l'exécutif de Catalogne, que ce même gouvernement central a destitué.

Le ministère de l'Intérieur est désormais chargé du contrôle des Mossos, alors que les indépendantistes ont appelé "leur" police à défendre la "République".

Depuis, leur reprise en main est en tête des priorités du gouvernement de Mariano Rajoy. Madrid a ainsi remplacé leur chef opérationnel, Josep Lluis Trapero, soupçonné d'être trop proche des dirigeants indépendantistes et qui fait, en outre, l'objet d'une enquête pour sédition.

Le contrôle de ce corps est vital pour le gouvernement espagnol, qui dispose d'à peine 6000 agents des forces de l'ordre nationales en Catalogne, et a dû envoyer par précaution quelque 10'000 policiers et Gardes civils en renfort.

Les Mossos divisés comme la population

Les quelque 16'000 agents sont désormais dans l'attente. Devront-ils obéir aux ordres de Madrid ou à ceux d'un hypothétique gouvernement de la "République catalane", qu'aucun pays n'a reconnue?

A l'image de la société catalane, "le corps policier est divisé à égalité: certains sont enchantés que Madrid prenne le contrôle, et d'autres voient cela avec inquiétude et rejet", explique un agent qui témoigne sous le couvert de l'anonymat.

"L'ambiance est difficile. Il y a des discussions, des cris, des situations très tendues entre collègues", expliquait-il vendredi avant que le Parlement catalan ne déclare unilatéralement l'indépendance.

>> Lire aussi : Un million de manifestants pour l'unité à Barcelone, annonce Madrid

afp/mre

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Non-intervention lors du référendum

L'importance des Mossos a été mise en évidence lors du référendum d'autodétermination interdit du 1er octobre, lorsqu'ils ont évité de charger les électeurs rassemblés pour protéger les bureaux de vote.

L'intervention, émaillée de violences, a finalement échu à la police nationale et à la Garde civile.

Au sein du corps, l'inquiétude porte sur le rôle des Mossos en cas de troubles. Les agents anti-émeutes seront en première ligne et peut-être que "dans les circonstances où on leur disait jusqu'à maintenant de faire preuve de retenue, on leur dira maintenant: 'chargez'", s'inquiète un cadre intermédiaire.

Or, "si on commence à leur donner des ordres extrêmes débouchant sur une confrontation entre police et population, beaucoup hésiteront à les appliquer", estime un agent.

Refondation au retour de la démocratie

Les Mossos, dont les origines remontent au XVIIIème siècle, furent refondés sous leur forme actuelle en 1983, pendant la phase où la Catalogne récupérait son autonomie supprimée pendant la dictature de Franco (1939-1975).