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Des milliers de fonctionnaires en plus pour gérer le défi logistique du Brexit

Le projet de loi organisant la transposition des lois européennes dans la législation britannique bientôt présenté. [Keystone - AP Photo/Kirsty Wigglesworth]
Plus d'infrastructures et de personnel, le défi logistique posé par le Brexit est immense / Tout un monde / 5 min. / le 3 novembre 2017
Le gouvernement britannique a annoncé l'embauche de milliers de fonctionnaires pour préparer la sortie de l'Union européenne. Les autorités douanières et fiscales auront besoin de 3 à 5000 personnes dès mars 2019.

Le défi logistique et administratif posé par le Brexit, dont la date effective est fixée au 30 mars 2019, est immense. Et il le sera encore davantage si le Royaume-Uni décidait de quitter l’Union douanière européenne, ce que le gouvernement de Theresa May ambitionne de faire.

Cette décision entérinerait le retour de procédures administratives avec les pays de l'Union européenne, c'est-à-dire la réintroduction de contrôles de marchandises aux frontières.

Londres affirme vouloir former du personnel supplémentaire, notamment aux frontières, afin de minimiser l’impact sur les flux en provenance ou à destination du Royaume-Uni, une fois le divorce avec Bruxelles entériné.

10'000 camions par jour

Des contrôles sont déjà effectués pour les échanges avec des pays en dehors de l’UE, notamment avec la Suisse ou l’Ukraine, mais si les vérifications sont étendues aux 27 Etats membres de l’UE, la quantité de travail va exploser.

Motis, une entreprise spécialisée dans le fret international, estime que rien qu'à Douvres, le port britannique qui occupe la première place pour le trafic transmanche, les contrôles pourraient toucher 10'000 camions par jour, contre 500 actuellement.

Préparatifs peu avancés

Mais où en sont ces préparatifs? Une étude menée par l'Institute for Government, un centre de réflexion indépendant sur les questions gouvernementales, relayée dans l'émission Tout un monde, met en lumière le décalage entre les annonces faites par le gouvernement et la réalité.

Le gouvernement n'est pas en train de dépenser de vastes sommes d'argent pour préparer le terrain en l'absence d'accord avec Bruxelles.

Joe Owen, auteur d'une étude de l'Institute for Government

"Le gouvernement n'est pas en train de dépenser de vastes sommes d'argent pour préparer le terrain en l'absence d'accord avec Bruxelles. (...) En fait, il ne veut pas recruter 5000 douaniers qui pourraient ne rien avoir à faire le 30 mars 2019", explique Joe Owen, l'un des auteurs du rapport. "Ces grosses décisions n'ont pas été prises, mais elles devront l'être très rapidement si nous devons être prêts pour le scénario du No Deal", estime-t-il.

Il souligne également les incertitudes sur la date du changement: dès mars 2019 ou après une période de transition? On ne sait pas non plus quelle proximité le Royaume-Uni conserverait avec l'UE, et donc quelles infrastructures devraient exactement être mises sur pied.

Catherine Ilic/jvia

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L'Union européenne pas prête non plus

"Même si le Royaume-Uni dépensait des centaines de millions de livres pour être prêt en cas de No Deal, cela ne servirait à rien sans une préparation dans l'Union européenne. Par exemple, ne rien faire à Calais, c'est s'assurer qu'il y aura des problèmes à la frontière", estime encore Joe Owen, auteur de l'étude de l'Institute for Government. Or, selon lui, rien ne montre que l'UE se prépare.

Et même si les principaux partenaires commerciaux du Royaume-Uni décidaient soudainement d’être prêts pour la date butoir du 30 mars 2019, cela ne serait pas possible, compte tenu du temps qu’il faut par exemple pour former des gardes-frontières: 3 ans pour l’Allemagne, 2 ans pour la France, par exemple.