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Pris dans la nasse libyenne, les migrants n'atteignent plus l'Europe

La Suisse veut secourir les migrants bloqués en Libye
La Suisse veut secourir les migrants bloqués en Libye / 19h30 / 2 min. / le 13 novembre 2017
La crise migratoire a changé: au lieu d'arriver en masse en Italie, les migrants sont retenus en Libye dans des conditions "dramatiques". La Suisse a plaidé lundi pour leur assurer une meilleure protection.

Amorcé cet été, le blocage des migrants en Libye s'est confirmé durant l'automne. Le nombre d'arrivées par la mer en Italie a chuté entre août et octobre de -76% par rapport à la même période en 2016.

Forte diminution des arrivées

Malgré cette baisse, l'Italie reste cette année la première porte d'entrée vers l'Europe. Trois migrants sur quatre ont débarqué sur le continent par cette route.

Au total, ils sont 150'000 à être venus en Europe par la mer, selon le dernier bilan de l'ONU. C'est moins de la moitié des quelque 335'000 arrivées enregistrées entre janvier et octobre 2016.

Enfermés en Libye

Que se passe-t-il depuis la mi-juillet? A la suite d'accords controversés avec l'Italie, les départs sont bloqués et les gardes-côtes libyens ramènent la plupart des embarcations sur le continent africain. Les migrants sont ensuite retenus dans des centres ou prisonniers de trafiquants, dans des conditions alarmantes, selon l'ONU.

Plus de 20'000 personnes étaient notamment enfermées dans des maisons et des entrepôts à Sabratha, principale plateforme de départs vers l'Europe, a annoncé à la mi-octobre le Haut commissariat aux réfugiés. L'ampleur de la crise reste difficile à mesurer en raison du manque d'informations concernant le reste de la côte, qui s'étend sur plus de 1500 kilomètres.

Engagements contre la détention

Lors d'une rencontre du Groupe de contact pour la Méditerranée centrale lundi à Berne, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a appelé à "agir dès maintenant pour protéger les migrants" afin que l'époque dans laquelle nous vivons "ne devienne pas un chapitre noir de l'histoire européenne". Elle a qualifié la situation de "dramatique le long de la route vers l'Afrique du Nord".

A l'issue du sommet, les ministres de 13 pays, dont la Libye, ont adopté une déclaration d'intention. Celle-ci prévoit de développer "des capacités permettant de contrôler la situation des migrants et réfugiés dans les centres de détention" et de déployer "des efforts pour assurer une libération prioritaire des réfugiés et migrants vulnérables". Les pays veulent aussi une alternative aux centres de détention.

Vers l'Espagne?

Après la "fermeture" de la route via la Turquie et la Grèce au printemps 2016, le blocage des migrants en Libye est le deuxième grand frein à la migration en Europe. Les flux pourraient à l'avenir se déplacer vers l'Espagne, troisième point d'entrée entre l'Afrique et l'Europe.

La péninsule ibérique a vu le nombre de migrants presque doubler par rapport à 2016, avec 12'000 arrivées entre janvier et septembre. Environ 8% des migrants venus en Europe par la mer ont transité par cette route. A cela s'ajoutent quelque 5000 individus venus par voie terrestre.

>> Voir le sujet du 19h30 sur la route migratoire espagnole :

Entre l’Afrique et l'Espagne les tentatives de passages sont très périlleuses
Entre l’Afrique et l'Espagne les tentatives de passages sont très périlleuses / 19h30 / 2 min. / le 13 novembre 2017

Valentin Tombez

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Critiques des organisations d'aide aux migrants

Plusieurs organisations voient d'un oeil sceptique la troisième rencontre du Groupe de contact pour la Méditerranée centrale. Elles demandent davantage d'opérations de sauvetage en mer.

Ce sont les politiques de dissuasion de l'Union européenne qui sont meurtrières, pas la mer, dénonce dans un communiqué Solidarité sans frontières, qui regrette l'annulation "abrupte" de l'opération Mare Nostrum en 2014. Depuis le 1er janvier 2017, au moins 2992 personnes sont mortes en voulant traverser la Méditerranée, selon l'ONU.

La stratégie des Etats européens de soutenir et de former les garde-côtes libyens est une vision politique cynique et de très court terme, pointent aussi les ONG.

"Renvoyer des personnes dans un contexte où elles vont être exposées à des traitements dégradants et inhumains, à la torture et aux violences sexuelles constitue une violation des droits humains", d'après Caroline Abu-Sada, directrice de SOS Méditerranée Suisse.