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Succès et échecs de la gratuité des transports publics au sein des villes

Tallinn, en Estonie, est la seule capitale européenne à avoir introduit un système de transports publics gratuits. [AFP - Raigo Pajula]
Les transports publics gratuits sont une réalité pour de nombreux endroits dans le monde / Tout un monde / 7 min. / le 15 novembre 2017
La gratuité des transports publics pourrait devenir réalité à Neuchâtel. Aucune ville suisse ne l'a encore introduite, mais ce modèle séduit, notamment en France. Or, certaines agglomérations européennes reviennent en arrière.

A Neuchâtel, une initiative lancée en octobre et soutenue par les Verts et la gauche a jusqu'en avril pour récolter les 4500 signatures nécessaires.

>> Lire : Une initiative pour des transports publics gratuits lancée à Neuchâtel

Il ne s'agit pas de la première proposition d'introduire la gratuité des transports publics en Suisse. En 2008, les Genevois avaient balayé un tel projet à plus de 67% des voix. En 2004, les habitants du Locle (NE) avaient refusé une proposition de bus gratuits à 74%. Et déjà en 1991, une initiative au niveau national qui demandait la gratuité pour les jeunes avait été retirée par manque de signatures.

Une vingtaine d'agglomérations françaises

Mais, au niveau mondial, nombreuses sont les villes qui ont tenté l'expérience. Rien qu'en France, il y en a actuellement une vingtaine. En août dernier, l'agglomération de Niort, qui regroupe 45 communes et 120'000 habitants dans le département des Deux-Sèvres, est devenue le plus grand réseau de transport gratuit en France.

Le plus ancien projet est celui de l'agglomération de Châteauroux, qui englobe 76'000 habitants. Les bus y sont gratuits depuis 2001 et le succès a été immédiat: la fréquentation y a doublé en un an, et elle a aujourd'hui quintuplé. "La décision a été prise par un candidat à la mairie en 2001, qui voyait passer des bus quasiment vides. La fréquentation était à l'époque de 22 voyages par habitant, ce qui était très faible", a expliqué mercredi le vice-président de Châteauroux Paul Pluviaud, dans Tout un monde.

Dans le cas de Châteauroux, ce sont les entreprises de la région qui financent en grande partie les transports publics: "Les sociétés qui emploient plus de 11 personnes s'acquittent d'un versement de transport à hauteur de 0,60% sur les salaires versés à leurs employés. Ce qui représente quatre millions", a précisé Paul Pluviaud.

Nombreux exemples européens

Ailleurs en Europe, on trouve des réseaux gratuits en Espagne, notamment Manises ou, le plus grand, celui de Torrevieja, qui englobe 100'000 habitants. La Suède en compte trois, alors que le Royaume-Uni en a deux, à Manchester et à Bradford.

Quant à Tallinn, en Estonie, elle est, depuis cinq ans, l'unique capitale au monde à connaître la gratuité totale des transports publics. C'est un référendum plébiscité par 75% de la population qui a vu naître ce projet. Celui-ci répond à des arguments écologiques, puisque la ville s'asphyxie dans les bouchons. L'argument économique a aussi pesé: les référendaires avaient argué qu'une famille avec deux enfants économiserait plus de 50 francs par mois.

Echecs et retours en arrière

Mais il y a aussi des villes qui ont essayé la gratuité avant de revenir en arrière. Les Etats-Unis ont connu plusieurs cas, tout comme le Royaume-Uni où Sheffield et Rotherham ont interrompu le projet. En Belgique, Hasselt a également tout stoppé.

Quant à Lübben et Templin, les deux seules villes allemandes ayant tenté l'expérience, elles ont dû se résoudre à l'abandonner car celle-ci fonctionnait... trop bien. A Templin par exemple, lorsque le système a été introduit en 1998, le nombre de voyages annuels en bus est passé de 3000 à environ 500'000. Victime de son succès, la commune a dû acheter des véhicules, multiplier les lignes et augmenter le salaire des chauffeurs. Elle a dû se résoudre à abandonner ce système, tout comme Lübben qui a connu le même succès.

jvia et hend avec Sandra Zimmerli

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