Robert Mugabe, un héros à l'indépendance et un despote aujourd'hui

Cela faisait 37 ans que le leader du parti Zanu-PF régnait sans partage sur ce pays du sud de l'Afrique, aujourd'hui ruiné.

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Pourtant, lorsqu'il prend les rênes de l'ex-Rhodésie dirigée par la minorité blanche, Robert Mugabe séduit. Nous sommes en 1980. Robert Mugabe sort en héros de la guerre d'indépendance. Sa politique de réconciliation, au nom de l'unité du pays, lui vaut des louanges générales, jusque dans les capitales étrangères.

Afrique indépendante

Bardé de diplômes, le révolutionnaire Mugabe apparaît comme un dirigeant modèle. "Non, il n'y aura pas d'expropriation massive ni de nationalisations systématiques", rassure-t-il d'emblée. Il invite les Blancs à rester dans le pays "car nous aurons besoin d'eux", comme le montre un reportage de l'émission Temps Présent en 1980.

>> Voir le reportage "Rhodésie: Pouvoir noir, peur blanche" :

En dix ans, le Zimbabwe progresse à pas de géant: alphabétisation, construction d'écoles, de centres de santé et de nouveaux logements pour la majorité noire. Le petit homme aux épaisses lunettes incarne vite la réussite d'une Afrique indépendante.

Dans "Bienvenue chez Mugabe", la journaliste Sophie Bouillon suit un jeune exilé qui revient au Zimbabwe à la veille des élections de 2008. Elle raconte le respect qu'impose "l'oncle Bob" dans le pays. "Quand Robert Mugabe s’est dressé contre les Anglais, contre George Bush et tous les puissants de ce monde, tu as senti ton orgueil gonfler", écrit Sophie Bouillon. Mugabe, c'est "le héros de l'enfance" de nombreux Zimbabwéens.

Dictateur à la main de fer

Mais très tôt le héros a aussi la main lourde contre ses opposants. En 1982 déjà, la répression dans la province "dissidente" du Matabeleland fait quelque 20'000 morts.

L'Occident fermera longtemps les yeux. Il faut attendre les années 2000, ses abus contre l'opposition, des fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire pour que l'idylle s'achève.

"Gucci Grace"

En 2006, il épouse en deuxième noce son ancienne sténodactylo, Grace Marufu, de 40 ans sa cadette. Celle que l'on surnomme "Gucci Grace" commence par se défaire de sa réputation de dépensière frivole, obsédée par le shopping, comme l'a raconté Le Monde, avant de se plonger toutes griffes dehors dans la violente politique zimbabwéenne.

Si vous voulez me donner votre poste, donnez-le moi librement

C'est peut-être ce premier dimanche de novembre, alors qu'elle vient d'obtenir la tête du vice-président Emmerson Mnangagawa, que Grace Mugabe a dévoilé, un peu trop sans doute, ses ambitions présidentielles. Robert Mugabe, visiblement affaibli depuis de longs mois, avait jusque-là toujours répété qu'il serait candidat à sa propre succession en 2018.

S'adressant à son mari lors d'un rassemblement à Harare, Grace Mugabe lance: "Vous devriez me laisser prendre votre place. N’ayez pas peur. Si vous voulez me donner votre poste, donnez-le moi librement."

ta avec afp