CNN dit avoir, dans un premier temps, eu accès à une vidéo enregistrée sur un téléphone, présentée comme montrant un jeune Nigérian vendu aux enchères pour 1200 dinars libyens, soit 800 dollars.
Pour vérifier l'authenticité de cette première vidéo et approfondir le reportage, la chaîne américaine s'est rendue en Libye le mois passé, après des mois d'investigation.
Les journalistes racontent y avoir assisté à la vente "d'une douzaine de personnes en l'espace de quelques minutes" dans un entrepôt situé à la périphérie de la capitale libyenne, Tripoli.
"Quelle est votre offre?"
Ces transactions ont été filmées en caméra cachée. Selon CNN, le vendeur y tient ce genre de propos: "Est-ce que quelqu'un a besoin d'un homme pour creuser? Celui-là, il est grand et fort, il creusera." "Quelle est votre offre?"
Constamment désignés comme "la marchandise", les hommes sont ensuite cédés en échange de quelques centaines de dollars à leurs nouveaux "maîtres" qui les forceront à travailler pour eux.
Vidéos transmises aux autorités libyennes
Le document raconte aussi l'histoire de Victory, un Nigérian de 21 ans rencontré au centre de détention de migrants de Tripoli, en attente de son renvoi vers le Nigeria.
Sur un peu plus d'une année passée en Libye, Victory dit avoir été vendu à plusieurs reprises comme travailleur journalier par ses passeurs. Ces derniers, dit-il, prétendaient que l'argent de ces ventes serait déduit de sa dette, mais ont tout de même réclamé une rançon à sa famille. Ils l'ont finalement relâché.
De telles ventes aux enchères auraient cours dans au moins neuf villes du nord-est de la Libye. CNN dit avoir transmis ses vidéos aux autorités libyennes, qui ont promis d'ouvrir une enquête.
Pauline Turuban
La conséquence d'un tour de vis imposé aux passeurs
Selon CNN, un récent serrage de vis de la part des gardes-côtes libyens a eu pour conséquence de réduire le nombre de bateaux pouvant prendre la mer. Un manque à gagner pour les passeurs, dont les affaires reposent sur le fait de faire payer -cher- la traversée de la Méditerranée aux nombreux migrants qui souhaitent rejoindre l'Europe. Les passeurs répercuteraient donc ce manque à gagner directement sur les migrants, en les retenant contre leur gré et en les vendant.