"On n'a pas affaire à une situation classique d'un conflit armé entre groupes armés. Ici, le conflit est interethnique, intraculturel et intrareligieux", constate le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer mardi dans le 19h30.
Le CICR est un acteur crucial en Birmanie, car il est l'un des seuls à pouvoir garder un contact avec les populations Rohingyas restées sur place. Depuis fin août, quelques centaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, ont fui les violences pour se réfugier au Bangladesh. Mais des dizaines de milliers d'autres sont restés. C'est pour eux que le CICR a augmenté ses capacités sur place.
"La sécurité n'est plus assurée"
"Mes collègues et moi avons été frappés par cette haine et par la participation de la population au conflit", témoigne Peter Maurer. Selon lui, la sécurité "des uns et des autres" n'est plus assurée, car il devient très difficile de vivre ensemble.
Avec les populations qui prennent part au conflit, la gestion de l'aide humanitaire se complique. "Sur le terrain, il devient plus difficile d'avoir la confiance des gens. On a du mal a recevoir l'acceptation d'une communauté lorsqu'on a apporté une aide humanitaire à l'autre groupe", insiste Peter Maurer.
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Au Bangladesh, la crise des enfants
Devant cette situation difficile à gérer, 1000 à 2000 Rohingyas continuent de fuir chaque jour la Birmanie pour le Bangladesh. Dans ce pays, de nombreuses organisations humanitaires sont actives.
Dans ces camps, six réfugiés sur dix ont moins de 18 ans. Une situation qualifiée sur place de crise des enfants. "Il y a plus de 14'000 orphelins", affirme un humanitaire zurichois sur place.
Officiellement, la Birmanie appelle les Rohingyas à rentrer, mais ces derniers n'ont pas confiance et la plupart sont partis pour rester au Bangladesh.
Propos recueillis par Darius Rochebin