Paradise ou Panama Papers ont récemment dévoilé l'ampleur des opérations offshore mondiales et questionnent sur la finalité de tels montages financiers. On citera, entre autres, les soupçons de corruption chez le groupe pétrolier Vitol ou le géant Glencore.
"La grande corruption a absolument besoin des réseaux financiers. Les paradis fiscaux sont les lieux où cela se passe", note le professeur suisse en droit pénal Mark Pieth. "Mais je commencerais par regarder à Genève, du côté de la rue Général-Dufour chez les avocats qui créent les structures offshore."
Au sein de la Fédération internationale de football (FIFA), au Brésil ou en Corée du Sud, les scandales récents de corruption mettent en lumière le clientélisme des Etats du monde entier. A l'instar de la Chine, certains pays ont même fait de la lutte contre ce fléau une priorité politique.
Destitutions et grands ménages dans les arcanes du pouvoir débouchent-ils pour autant sur un système plus propre? "On utilise fréquemment la lutte contre la corruption pour destituer des gens qu'on n'aime plus", explique Mark Pieth. "Mais d'autres politiciens corrompus restent en place."
La FIFA se reblatterise.
Alors que le procès des cadres la FIFA s'est ouvert le 13 novembre à New York - 150 millions de dollars de pots-de-vin estimés - Mark Pieth décrit un cercle vicieux au sein de l'organisation à laquelle il a tenté d'apporter davantage de transparence: "J'ai dit que la FIFA se 'reblatterise' (allusion à l'ex-président déchu Sepp Blatter, ndlr), parce que je vois qu'un autre système de patronage surgit. Avec d'autres personnes bien sûr. Peut-être plus jeunes. On a viré tous les vieux, mais le système reste identique."
Pots-de-vin, tradition des affaires?
Les pots-de-vin ont longtemps bénéficié d’une certaine tolérance des autorités. En Suisse, les entreprises peuvent encore aujourd'hui déduire de leurs impôts les pots-de-vin versés à des particuliers. "Au niveau international, la corruption était perçue comme quelque chose de favorable au business", précise dans Géopolitis l'avocat Marc Henzelin.
Jusqu'au jour où le monde des affaires n'y a plus trouvé son compte. En 1977, alors que les entreprises américaines jouent dans le monde entier, les Etats-Unis adoptent une loi contre la corruption d'agents publics à l’étranger, le Foreign Corrupt Practices Act. L'idée est de contrer la concurrence déloyale entre entreprises pour l'attribution des marchés.
"Puis, lorsque les pays européens ont commencé à sortir de leur pré carré colonial. (...) Les entreprises américaines se sont plaintes de la concurrence déloyale faite par les Européens qui n'étaient pas soumis aux règles anti-corruption", explique Marc Henzelin. C'est ainsi que des législations internationales ont été mises en place: la convention de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 1997 et celle des Nations unies en 2003.
Mélanie Ohayon