Au coeur de l'Europe, la résistance contre l'ouverture européenne, l'immigration ou le multiculturalisme s'ancre de plus en plus dans le paysage politique, à tel point que le terme de "démocratie illibérale" est de plus en plus employé pour qualifier les régimes de ces pays, notamment en Hongrie et en Pologne, à la fois par les autorités et par leurs opposants.
Un ensemble culturel qui se détache
Ferenc Almassy, journaliste franco-hongrois de 29 ans, qui se présente comme un activiste de "réinformation" et dirige le site Visegrad Post, explique ce qui rassemble ces pays d'Europe centrale. "C'est le noyau politique d'un ensemble culturel qui se démarque en Europe aujourd'hui. Les quatre pays qui forment le groupe de Visegrad ont pris conscience de leurs particularités en termes d'identité, notamment durant la crise des migrants de l'été 2015, et il s'en est suivi une espèce de fronde face à l'attitude libérale de Bruxelles."
Acceptant le qualificatif de "démocratie illibérale" pour les pays du groupe de Visegrad, Ferenc Almassy l'oppose aux "dictatures libérales" de l'Europe occidentale, expliquant qu'à l'Est, la diversité des opinions est toujours tolérée et qu'il y a une plus grande concentration du pouvoir, "plus claire et sans faux semblant", qui répond à l'attente des gens.
Cela semble plaire à la majorité, en tout cas, en Hongrie avec le Fidez de Victor Orban et en Pologne avec le PiS de Jaroslaw Kaczyński, où ces deux partis jouissent d’une assise populaire confortable dans les sondages d’opinion.
Des voix dissidentes toujours plus inaudibles
Pourtant, l'opposition a de la peine à se faire entendre dans ces pays. Julia Ivan, directrice de la section hongroise d’Amnesty International, raconte: "Il y a plusieurs façons de réduire l'opposition, les activistes ou les citoyens au silence. Par exemple des campagnes diffamatoires dans les médias, (...) il y a même des menaces."
Et d'ajouter qu'une méthode populaire parmi les gouvernements des anciens pays communistes consiste à commander des enquêtes aux services fiscaux et de paralyser ainsi les moyens d'action des ONG. Une loi est d'ailleurs récemment entrée en vigueur en Hongrie. Inspirée de la Russie, elle oblige les ONG à annoncer publiquement qu’elles perçoivent des fonds étrangers, une façon de susciter la méfiance du public.
Alexandre Habay/ebz