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Jérusalem reconnue comme capitale d'Israël va "complexifier les choses"

Frédéric Encel, lors de l'entretien accordé à la RTS, ce mercredi 29 juin 2016.
Frédéric Encel, géopolitologue, spécialiste du Proche-Orient / La Matinale / 6 min. / le 6 décembre 2017
Alors que Donald Trump devrait annoncer mercredi reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et le déplacement de l'ambassade américaine dans cette ville, le géopolitologue Frédéric Encel explique les conséquences régionales de cette décision.

Pour Frédéric Encel, géopolitologue spécialiste du Proche-Orient et invité de La Matinale de la RTS, le transfert de l'ambassade américaine ne provoquera pas d'ébullition dans le monde arabe.

"Pour l'instant, le monde arabe est surtout déchiré autour de la question de l'Iran, autour de l'axe chiite qui est considéré comme extrêmement menaçant", souligne-t-il. Pour le spécialiste, les opinions publiques arabes vont certes réagir, mais pas les régimes au pouvoir.

"On n'imagine pas que Donald Trump prenne la responsabilité de cette initiative de manière totalement unilatérale", tempère le géopolitologue. "Il va proposer quelque chose en échange, soit sur l'Iran, soit en termes de retour sur les rails du processus de négociation. Ca ne peut pas être une initiative sans réplique en faveur du monde arabe."

Jérusalem, capitale problématique

Donald Trump pourrait également annoncer mercredi qu'il reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël, une décision que les Etats-Unis et la communauté internationale se sont toujours refusés à prendre.

>> Lire aussi : Donald Trump va reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël

Cette annonce va renforcer la complexité des choses pour l'éventuelle reprise d'un processus de paix. "Une fois que c'est reconnu, vous ne pouvez plus revenir en arrière", rappelle Frédéric Encel, "c'est quelque chose de très problématique surtout en l'absence de compensations proposées".

Pour le spécialiste, si des négociations étaient en cours -ce qui n'est absolument pas le cas actuellement-, on pourrait discuter en parallèle du statut de la partie orientale de Jérusalem en tant que capitale du futur Etat palestinien.

ebz

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Le pape appelle au statu quo, Benjamin Netanyahu se tait

"Je ne peux taire ma profonde inquiétude pour la situation qui s'est créée ces derniers jours" autour de Jérusalem, a déclaré le pape François mercredi lors de son audience hebdomadaire. "J'adresse un appel vibrant pour que tous s'engagent à respecter le statu quo de la ville, en conformité avec les résolutions pertinentes de l'ONU".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est resté totalement silencieux sur la question de Jérusalem mercredi lors d'un discours prononcé au cours d'une conférence diplomatique, alors que chacun guettait son premier commentaire public sur le sujet devant un parterre de diplomates, de politiciens ou d'analystes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'élève avec vigueur contre le projet américain. "Jérusalem est une ligne rouge pour les musulmans", a-t-il déclaré. Une réplique qui n’est pas étonnante puisque depuis des années le président turc se pose en premier défenseur de la cause palestinienne.