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Donald Trump reconnaît Jérusalem comme la capitale d'Israël

Israël: Donald Trump transfère l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem
Israël: Donald Trump transfère l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem / 19h30 / 1 min. / le 6 décembre 2017
Le président américain Donald Trump a déclaré mercredi soir reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël, où il prévoit de déménager l'ambassade américaine, qui se trouve actuellement à Tel Aviv.

Avec cette décision historique qui marquera son mandat, le 45e président des Etats-Unis tient l'une de ses promesses emblématiques de campagne. Mais il s'isole encore un peu plus sur la scène internationale et prend le risque d'anéantir les timides espoirs de reprise des discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens.

"Il est temps reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël", a lancé Donald Trump lors d'une brève allocution depuis la Maison Blanche au cours de laquelle il a insisté sur sa volonté de simplement reconnaître "une réalité". "Les Etats-Unis restent déterminés à aider à faciliter un accord de paix acceptable pour les deux parties", a-t-il ajouté. "J'ai l'intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à sceller un tel accord", a-t-il encore dit au pupitre.

>> La déclaration de Donald Trump :

La déclaration de Donald Trump sur Jérusalem
La déclaration de Donald Trump sur Jérusalem / L'actu en vidéo / 45 sec. / le 6 décembre 2017

Transfert de l'ambassade américaine

Donald Trump a également annoncé avoir ordonné au Département d'Etat de commencer à mettre en oeuvre le transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem.

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a indiqué dans la soirée que les préparatifs pour déménager l'ambassade des Etats-Unis allaient se faire "immédiatement", tout en renforçant la sécurité pour protéger la sécurité des Américains au Proche-Orient.

En attendant, le président américain devrait signer un texte, valable six mois, pour maintenir provisoirement à Tel Aviv l'ambassade américaine, faute de bâtiment disponible pour l'accueillir à Jérusalem.

>> L'analyse de Philippe Revaz dans le 19h30 :

Jérusalem-Capitale d'Israël: les précisions de Philippe Revaz
Jérusalem/Capitale d'Israël: les précisions de Philippe Revaz / 19h30 / 1 min. / le 6 décembre 2017

"Jour historique" pour Benjamin Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué un "jour historique". Il a aussi affirmé que la décision du président américain ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem, affirmant l'engagement israélien à maintenir le "statu quo".

Benjamin Netanyahu a aussi appelé les autres pays à suivre l'exemple des Etats-Unis et à reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et à y transférer leurs ambassades.

Condamnations palestiniennes

Le leader palestinien Mahmoud Abbas a condamné la décision américaine. Il a estimé mercredi soir que Washington ne pouvait plus jouer son rôle de médiateur de paix.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a déploré une "agression flagrante à l'encontre du peuple palestinien". Le Hamas a appelé les Arabes et les musulmans à s'en prendre aux intérêts américains dans la région et à se détourner d'Israël.

Les différents mouvements politiques palestiniens ont d'ores et déjà appelés à une grève générale et à des rassemblements jeudi.

Le monde inquiet

Quant au président français Emmanuel Macron, il a qualifié cette déclaration de "regrettable" que "la France n'approuve pas et qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU".

Le Royaume-Uni n'est "pas d'accord" avec le président américain, a déclaré la Première ministre britannique Theresa May. Celle-ci a estimé que la décision américaine n'était "d'aucune aide" pour les perspectives de paix dans la région.

Le statut de Jérusalem ne peut être résolu que par une "négociation directe" entre Israéliens et Palestiniens, a déclaré pour sa part le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "Il n'y a pas d'alternative à la solution de deux Etats" avec "Jérusalem comme capitale d'Israël et de la Palestine", a ajouté le patron des Nations unies.

La Turquie a affirmé que le choix de Donald Trump était "irresponsable". L'Iran a déclaré qu'il ne tolérerait pas "une violation des lieux saints musulmans".

Par ailleurs, huit pays, dont quatre européens, deux sud-américains et deux africains, ont demandé mercredi une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, selon des diplomates.

agences/hend

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Donald Trump "va mette le feu dans le monde entier"

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par les Etats-Unis risque de mettre le feu aux poudres côté palestinien, mais bien plus largement aussi, a estimé sur les ondes de la RTS l'ancienne représentante de la Palestine auprès de l’Union européenne Leïla Chahid.

"Nous attendions tous de la part de Donald Trump un accord historique pour la solution mais il a été là un pompier-pyromane pour des raisons totalement domestiques américaines", a souligné cette personnalité palestinienne originaire de Jérusalem. "(Donald Trump) va mettre le feu dans le monde entier parce que Jérusalem est une ville sainte pour toutes les religions", a-t-elle souligné.

> L'interview de  Leïla Chahid dans Forum:

Les dates-clés des relations entre Israël et les Etats-Unis

14 mai 1948: David Ben Gourion proclame la création de l'Etat d'Israël. Le président américain Harry Truman reconnaît le nouvel Etat onze minutes après sa proclamation. Mais les relations sont tumultueuses durant les premières années. Les Etats-Unis désapprouvent la campagne du Sinaï contre l'Egypte en 1956, lancée par Israël en coordination avec la France et la Grande-Bretagne. Un ordre impératif du président Dwight Eisenhower à David Ben Gourion contraint Israël à se retirer du Sinaï.

La guerre de juin 1967: Israël occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan. Les Etats-Unis deviennent le principal soutien d'Israël.

Octobre 1967: le président américain Lyndon Johnson décide de commencer à livrer massivement des armes à Israël.

Septembre 1978: Jimmy Carter réunit le Premier ministre israélien Menachem Begin et le président égyptien Anouar el-Sadate. Les accords de Camp David ouvrent la voie au traité de paix signé l'année suivante par l'Egypte et Israël.

Septembre 1993: Bill Clinton orchestre à la Maison Blanche, la poignée de main historique entre l'Israélien Yitzhak Rabin et le Palestinien Yasser Arafat, qui signent une déclaration de principes sur une autonomie palestinienne transitoire.

Juillet 2000: Bill Clinton fait porter à Yasser Arafat l'essentiel de la responsabilité de l'échec des négociations de paix de Camp David du 11 au 25 juillet.

Juin 2009: Barack Obama presse Israël de cesser la colonisation et exprime son engagement en faveur d'un Etat palestinien au côté d'Israël.

mars 2015: Benjamin Netanyahu défie Barack Obama en allant prononcer un discours devant le Congrès américain contre l'accord sur le nucléaire iranien soutenu par le président.

Septembre 2016: les deux responsables signent à Washington un protocole d'accord portant sur 38 milliards de dollars d'assistance militaire pour la période 2019-2028, l'aide militaire la plus généreuse de l'histoire de l'Amérique.

Décembre 2016: les relations dégénèrent en crise ouverte à la suite du refus des Etats-Unis - le premier depuis 1979 - d'imposer leur veto pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la colonisation israélienne.

Janvier 2017: Benjamin Netanyahu affirme s'attendre à ce que l'alliance soit "plus forte que jamais" avec l'investiture de Donald Trump.

Mai 2017: Donald Trump se recueille devant le mur des Lamentations à Jérusalem, une première pour un président américain. Le lendemain, Benjamin Netanyahu annonce une aide militaire supplémentaire américaine de 75 millions de dollars.

6 décembre 2017: Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël et ordonne de "préparer le déménagement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers Jérusalem". Il assure cependant que les Etats-Unis soutiennent une "solution à deux Etats".