Alors qu'au moins 6700 Rohingyas ont été tués entre fin août et fin septembre en Birmanie, des milliers de personnes issues de cette minorité musulmane continuent d'émigrer vers le Bangladesh voisin. Reportage dans des camps de réfugiés dans le sud-est du Bangladesh.
650'000 Rohingyas réfugiés au Bangladesh
Les réfugiés musulmans rohingyas continuent d'arriver au Bangladesh au rythme d'environ 10'000 par semaine. Actuellement, ils sont plus de 650'000 à vivre dans des camps surpeuplés.
Considérés comme des citoyens de seconde zone par le régime birman, les Rohingyas veulent des garanties de sécurité et devenir des citoyens à part entière. A leurs yeux, les accords de rapatriement signés sans leur consentement sont sans valeur.
Mais plus de trois mois après le début de la crise, la situation humanitaire dans les camps reste préoccupante, malgré l’accord signé en novembre entre le Bangladesh et la Birmanie. Selon l'ONU, les Rohingyas sont victimes d'un cas classique de nettoyage ethnique.
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Lutte contre la malnutrition
RTS - Nicolas Vultier
Dans le camp de réfugiés de Kutupalong, monté dans l'urgence, l'ONG suisse Terre des hommes a installé un centre de détection nutritionnelle. Les enfants y sont auscultés, pesés et mesurés, pour définir s'ils sont victimes de malnutrition.
Le jour où la RTS s'est rendue sur place, les médecins ont fait 77 consultations et constaté 22 cas de malnutrition modérée, 18 cas de malnutrition sévère et 14 cas normaux, le reste des consultations étant du suivi, selon un médecin interrogé.
Les mères, souvent très faibles, repartent de ces consultations avec de la nourriture et des compléments alimentaires.
Certains réfugiés travaillent aussi comme volontaires au centre, pour quelques francs par jour. Ils monitorent les différentes zones du camp, pour que le suivi médical des enfants soit assuré.
Des camps surpeuplés
RTS - Nicolas Vultier
Près de 6000 personnes s'entassent par exemple dans le no man's land de Konor Para, entre la Birmanie et le Bangladesh. Ces villageois ont été les premiers à fuir les exactions de l’armée birmane.
Dans leur exil, nombreux sont atteints dans leur santé ou mal nourris. Le Bangladesh a par exemple lancé mardi une campagne de vaccination contre la diphtérie dans les camps rohingyas. Cette maladie est soupçonnée d'avoir tué neuf réfugiés et d'en avoir infecté 700 autres.
Des distributions de vivres et de médicaments sont également organisées dans les camps.
L'assainissement des camps
RTS - Nicolas Vultier
Face à l'arrivée et massive de ces réfugiés au Bangladesh, les ONG ont dû répondre rapidement aux besoins d'urgences de ces personnes. "C'est une crise qui a commencé avec l'arrivée de quelques personnes en août et qui s'est vite transformée en un flot continu durant les six semaines qui ont suivi, en septembre et en octobre", explique David Blanc, qui a coordonné pendant deux mois l’opération de Terre des hommes sur place.
Après l'aide d'urgence, c'est désormais une approche plus qualitative qui est appliquée, avec la purification de l’eau et l'assainissement des camps, notamment des latrines: "C'est très important car le choléra est endémique au Bangladesh", rapporte Carlo Simonetti, ingénieur en science de l’environnement, également engagé pour Terre des hommes.
La crise a commencé avec l'arrivée de quelques personnes en août et s'est vite transformée en un flot continu durant les six semaines qui ont suivi
Pour installer des latrines et des puits, Carlo Simonetti doit négocier des terrains avec des propriétaires pas toujours accommodants, sous surveillance militaire. Il doit aussi recruter des équipes de volontaires en ménageant les susceptibilité. "C'est très délicat parce que le Bangladesh essaie de protéger sa force de travail (...) On est souvent obligé d'avoir deux salaires différents: entre 3 et 5 dollars par jour pour les Rohingyas et entre 5 et 10 dollars pour les Bangladais", rapporte-t-il.
La protection des mineurs non accompagnés
RTS - Nicolas Vultier
La situation des mineurs Rohingyas non accompagnés vivant dans les camps de réfugiés au Bangladesh inquiètent les ONG.
Certaines organisations spécialisées tentent de les protéger contre les abus et autres violences.
Dans le camp de réfugiés de Tangkhali, Nicolas Vultier a rencontré Rahina, 16 ans, et son frère Sadiq Hussein, 10 ans. Leur mère est décédée il y a plusieurs années mais leur père a été tué par les soldats birmans.
Le reportage en images
Cliquez sur la galerie ci-dessous pour voir les photos prises par l'envoyé spécial de RTSinfo Nicolas Vultier lors de son reportage:
Le calvaire des Rohingyas
RTS - Nicolas Vultier
Depuis 1982 et l'adoption d'une nouvelle loi sur la citoyenneté par la junte militaire, les Rohingyas ne font pas partie des 135 ethnies reconnues officiellement par l'Etat birman. A ce titre, ils sont privés de la nationalité birmane, ce qui les rend de facto apatrides.
Depuis le 25 août, une flambée de violence dans l'ouest de la Birmanie a poussé des dizaines de milliers de Rohingyas sur les chemins de l'exil. Selon plusieurs ONG, ce peuple est victime d'un "nettoyage ethnique".