Quel est l'objet du scrutin?
Les quelque 5,3 millions d'électeurs de la communauté autonome de Catalogne doivent désigner les 135 députés du Parlement. Le vote a lieu dans les quatre provinces de la région, selon le mode de scrutin proportionnel. Les députés sont élus pour un mandat de quatre ans.
Quels sont les enjeux?
Le Parlement est dominé depuis 2015 par les indépendantistes, qui avaient obtenu 47,8% des voix aux dernières élections. Le scrutin permettra de mesurer le poids réel du mouvement indépendantiste catalan, et de dire si les citoyens souhaitent remplacer ou réinvestir les dirigeants séparatistes destitués par le gouvernement espagnol.
Après la déclaration d'indépendance unilatérale votée au Parlement de Catalogne le 27 octobre, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy avait en effet destitué le gouvernement régional et son législatif, et convoqué ce nouveau scrutin.
Certains indépendantistes, dont le président destitué Carles Puigdemont, présentent ces élections comme un nouveau référendum sur l'autodétermination de la Catalogne, après celui, interdit, du 1er octobre qu'ils assurent avoir emporté malgré l'intervention policière. Ils considèrent que s'ils remportent le vote, Mariano Rajoy sera forcé à négocier.
>> Voir le documentaire "Catalogne, l'Espagne au bord de la crise de nerfs"
Qui sont les forces en présence?
Le camp indépendantiste est présent de gauche à droite du champ politique catalan. C'est la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) qui est donnée favorite. Son chef de file, l'ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, actuellement emprisonné pour sédition et rébellion, entend diriger un futur gouvernement indépendantiste, mais reconnaît que l'indépendance n'est actuellement pas envisageable, faute de consensus.
Quant à Carles Puigdemont, qui a lancé sa propre liste Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), il prétend à être rétabli comme "président légitime".
La première force d'opposition est représentée par le parti unioniste de centre-droit Ciudadanos et sa cheffe de file Inés Arrimadas, bête noire des indépendantistes.
Que (pré-)disent les sondages?
Le quotidien El Pais a publié mardi son dernier sondage, donnant la probabilité d'une nouvelle majorité indépendantiste de l'ordre de 54%, contre 46% pour une possible alliance des partis opposés à l'indépendance.
Les précédents sondages, parus vendredi, donnaient aussi une légère avance aux listes séparatistes, les créditant de 63 à 69 sièges, alors que la majorité absolue est de 68 sièges.
La première place se jouerait donc entre les indépendantistes de l'ERC, donnés gagnants par trois instituts, et les libéraux de Ciudadanos, qui arriveraient en tête selon les deux autres instituts.
Le Parti populaire (PP) conservateur de Mariano Rajoy, lui, est crédité des moins bonnes intentions de vote, derrière la Candidature d'unité populaire (extrême gauche séparatiste).
Une participation de 80% est attendue pour ce scrutin.
Comment les deux camps font-ils campagne?
Le scrutin à venir voit s'opposer deux blocs visiblement irréconciliables et prend ainsi une haute valeur émotionnelle.
Les partis indépendantistes ont mené une campagne axée sur la défense des quatre dirigeants séparatistes accusés de rébellion et sédition et emprisonnés à Madrid, qu'ils qualifient de prisonniers politiques.
Le bloc unioniste, lui, se pose en garant de la stabilité de la Catalogne. Il dénonce la détérioration économique qu'il estime suscitée par la marche vers l'indépendance du gouvernement destitué.
Jessica Vial
Une campagne atypique
Le président destitué de la Catalogne, Carles Puigdemont, fait campagne à distance depuis Bruxelles, où il s'est exilé. Un mandat d'arrêt européen avait été émis contre lui par les autorités espagnoles, puis retiré début décembre. Mais l'homme politique reste sous le coup d'un mandat d'arrêt espagnol.
Malgré les kilomètres de distance, il multiplie les interventions en direct, par vidéoconférence, dans les meetings des sympathisants indépendantistes. Le 7 décembre, 45'000 Catalans avaient même afflué de toute l'Europe dans la capitale belge pour une manifestation de soutien.
L'ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, qui dirige la Gauche républicaine de Catalogne, s'est quant à lui plusieurs fois exprimé depuis sa cellule de prison.