Les premiers soupçons datent de 2010 et visaient alors le Suisse Fabian Cancellara, suspecté d'avoir eu recours à un moteur miniature pour gagner le Tour des Flandres et Paris-Roubaix.
La lutte s'est intensifiée depuis, à l'aide de tablettes à résonnance magnétique et parfois de caméras à infrarouge, mais sans véritable prise pour l'instant, hormis deux tout petits poissons attrapés en cyclo-cross et lors d'une course amateur.
Pacte de corruption au plus haut niveau?
Mais le Canard enchaîné laisse entendre dans son édition de mercredi que le dopage mécanique pourrait être bien plus répandu. Les juges d'instruction soupçonneraient même l'existence d'un pacte de corruption scellé au plus haut niveau international, qui aurait profité à de très grands coureurs. Il s'agirait d'un système quasi mafieux, donc difficile à appréhender.
"Qu'il y ait du dopage mécanique dans le cyclisme, c'est relativement plausible", note Bertrand Fincoeur de l'Institut des sciences du sport de l'Université de Lausanne. Et "puisqu'il y a une offre, il y a probablement eu une demande" poursuit ce sociologue qui est en contact régulier avec des coureurs professionnels., "Est-ce qu'il y a toujours une demande à l'heure actuelle? Je n'en sais rien. Les autorités du cyclisme luttent aujourd'hui de façon beaucoup plus appuyée contre ce phénomène."
Doutes sur un dopage généralisé
Bertrand Fincoeur a cependant du mal à imaginer que ce type de dopage puisse toucher l'ensemble du cyclisme ou l'ensemble des grands leaders: "Le principe même d'avoir recours à ce type de dopage, c'est de pouvoir prendre un avantage sur ses concurrents et si tout le monde le fait, il n'y a plus vraiment d'intérêt à le faire".
L'Union cycliste internationale (UCI), elle, se borne à une déclaration laconique. Elle rappelle que la lutte contre la fraude technologique est l'une des priorités de son nouveau président David Lappartient.
Jérôme Jeannin/oang