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Privés de leur jambon de fin d'année, les Vénézuéliens manifestent

Un groupe de protestataires fait face aux forces de l'ordre à Caracas. [Keystone/EPA - Miguel Gutiérrez]
Un groupe de protestataires fait face aux forces de l'ordre à Caracas. - [Keystone/EPA - Miguel Gutiérrez]
Incontournable des repas de fin d'année au Venezuela, le jambon fera cruellement défaut pour le réveillon, au point de jeter dans les rues les habitants excédés par la pénurie d'aliments.

"Il n'est pas arrivé pour Noël et ne sera pas là pour le Nouvel An", se plaint Miriam Brito lors d'une manifestation à Caracas pour réclamer le traditionnel "pernil de cerdo", un jambon à l'os rôti qui se mange en tranches. Le gouvernement de Nicolas Maduro avait pourtant promis qu'il figurerait parmi les aliments vendus à prix subventionnés.

De petites mobilisations se sont multipliées ces derniers jours dans les quartiers populaires de la capitale et ailleurs dans ce pays en plein marasme économique.

Un salaire mensuel pour un jambon

"Voilà quatre mois que nous n'avons pas reçu les caisses des Clap (comités citoyens qui distribuent des aliments subventionnés, ndlr) et on nous a menti avec le jambon", poursuit cette mère de 40 ans. Autour d'elle, une centaine d'habitants bloquent une avenue à l'aide de cordes, de pneus et de débris. Ils tapent sur des casseroles.

Salaire et bons alimentaires réunis, le revenu minimum des Vénézuéliens est de 450'000 bolivars environ, soit 135 dollars au taux officiel - dans des bureaux de change où les billets verts sont quasi introuvables -, et 4,5 dollars au marché noir, considéré comme le taux de référence.

C'est ce que coûte dans la rue, à des prix non subventionnés, un kilo et demi de porc. De leur côté, les Clap vendent le kilo de viande 30 fois moins cher... quand il y en a.

Le Portugal pointé du doigt

Le président Maduro a reconnu des accrocs dans la distribution des fameux jambons, mais il a mis cela sur le compte d'un boycott international lié, selon lui, aux sévères sanctions financières infligées par les Etats-Unis et à un "sabotage" du Portugal, d'où proviennent les importations de cette viande.

Lisbonne a réfuté bloquer les exportations. "Le gouvernement portugais n'a pas le pouvoir de saboter le commerce du jambon de porc", a rétorqué le ministre des Affaires étrangères Augusto Santos Silva. "Nous vivons dans une économie de marché et les exportations sont du ressort des entreprises. Il n'y a pas eu d'interférence politique", selon lui.

Raporal, un des exportateurs portugais de ce jambon à l'os, a indiqué que le Venezuela devait quelque 40 millions d'euros aux fournisseurs lusitaniens.

ats/ebz

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