Les 200 personnes arrêtées ont été "remises à la justice", a déclaré dimanche le vice-préfet de la capitale iranienne. "Plusieurs étudiants arrêtés ont été libérés et remis à leurs familles", a-t-il précisé.
"Nous agissons avec tolérance et nous espérons que la situation va revenir à la normale le plus vite possible", a-t-il ajouté. Il a confirmé des "rassemblements épars" dans le centre de Téhéran ajoutant que "la police faisait son devoir" pour contrôler la situation.
Un peu plus tôt, l'agence Fars proche des conservateurs avait affirmé que quelque 200 protestataires tentaient de se rassembler dimanche en début de soirée dans le centre de Téhéran en lançant des slogans.
Rohani reconnaît le droit des Iraniens à manifester
Le président iranien Hassan Rohani a déclaré dimanche que le peuple avait le droit de manifester et de critiquer le gouvernement . Il estime cependant que cela ne doit pas déboucher sur des violences, rapporte l'agence de presse Mehr.
Rohani, dans sa première réaction publique, a ajouté que "les Iraniens comprennent la situation sensible de l'Iran et de la région et qu'ils agiront sur la base de leurs intérêts nationaux".
Deux manifestants tués dans l'ouest du pays
"Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l'illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur", avait déclaré plus tôt dans la journée le ministre de l'Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli à la télévision d'Etat.
Deux manifestants ont été tués lors de heurts dans la ville de Doroud (ouest), a indiqué le vice-gouverneur de la province de Lorestan, en accusant les "groupes hostiles et les services de renseignements étrangers d'être derrière les troubles". Mais il a assuré que les forces de sécurité n'avaient pas tiré sur les protestataires.
Protestations dans plusieurs villes
Selon un canal Telegram des Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime, "des gens armés se sont infiltrés parmi les protestataires et tiré à l'aveuglette sur les citoyens et contre la préfecture".
Face aux difficultés économiques du pays, isolé et soumis pendant des années à des sanctions internationales pour ses activités nucléaires sensibles, des protestations ont éclaté jeudi dans plusieurs villes de province avant de prendre de l'ampleur. Des protestations ont de nouveau eu lieu vendredi et samedi.
afp/jc/ebz/rens
Pas de mouvement de telle ampleur depuis 2009
C'est la première fois qu'autant de villes sont touchées par un tel mouvement depuis 2009. L'internet sur les réseaux de téléphonie mobile a été coupé samedi soir, avant d'être rétabli dans la nuit.
Selon l'agence Ilna, proche des réformateurs, "80 personnes ont été arrêtées à Arak (centre) alors que trois ou quatre personnes ont été blessées" dans les violences dans la ville samedi soir.
"Des individus ont tenté d'attaquer des bâtiments publics mais n'ont pas réussi (...) la situation dans la ville est sous contrôle", a déclaré un responsable local cité par Ilna.
Pour sa part, le général Esmail Kossari, adjoint de la base Sarollah des Gardiens de la révolution, chargée de la sécurité de la capitale, a accusé les manifestants d'être des "séditieux" qui ne protestent pas contre les difficultés économiques mais poursuivent le "mouvement de sédition de 2009".
Trump avertit Téhéran
Donald Trump a lui réitéré samedi ses avertissements en direction du pouvoir iranien. Il a affirmé que "les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais".
"Le monde entier comprend que le bon peuple d'Iran veut un changement, et qu'à part le vaste pouvoir militaire des Etats-Unis, le peuple iranien est ce que ses dirigeants craignent le plus", a assuré le président américain dans un premier tweet, reprenant des extraits de son discours du 19 septembre à l'assemblée générale de l'ONU.
Donald Trump avait déjà envoyé une mise en garde vendredi en direction de Téhéran, également sur Twitter: "Le gouvernement iranien devrait respecter les droits de son peuple, notamment leur droit de s'exprimer. Le monde regarde!"