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L'ex-conseiller à la Maison Blanche accuse Trump Jr. de "trahison"

L'ancien stratège de la Maison Blanche Steve Bannon, en décembre 2017. [Keystone - Brynn Anderson]
L'ancien stratège de la Maison Blanche Steve Bannon, en décembre 2017. - [Keystone - Brynn Anderson]
L'ex-conseiller de Donald Trump, Steve Bannon, a qualifié de "trahison" et d'"antipatriotique" la rencontre entre le fils du président et une avocate russe durant la présidentielle de 2016. Trump l'accuse d'avoir "perdu la raison".

Selon Steve Bannon, l'enquête sur la collusion présumée entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump se concentrera sur le blanchiment d'argent. "Ils vont craquer Don Junior [Donald Trump Jr, ndlr] comme un oeuf à la télévision nationale", affirme-t-il dans un livre à paraître la semaine prochaine, dont The Guardian se fait l'écho.

L'ouvrage, "Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump" est basé sur plus de 200 interviews avec le président américain, son entourage et des membres de l'administration. Son auteur, Michael Wolff, montre les dessous de la Maison Blanche, qui passe d'une crise à l'autre au milieu d'une guerre intestine, et où même certains des plus proches alliés de Donald Trump expriment leur mépris pour lui.

>> Ecouter les explications d'Anouk Henry dans Le 12h30 :

Le livre "Le feu et la colère dans la Maison Blanche de Trump" révèle le désarroi et la désorganisation du président et de son équipe après son élection. [AP/Keystone - Evan Vucci]AP/Keystone - Evan Vucci
Un ouvrage décrit le chaos à la Maison Blanche après l'élection de Donald Trump / Le 12h30 / 1 min. / le 4 janvier 2018

Steve Bannon, ancien chef de la campagne de Donald Trump durant les trois derniers mois, puis conseiller stratégique en chef à la Maison Blanche avant d'être limogé en août dernier, se montre particulièrement cinglant au sujet d'une réunion à la Trump Tower entre Donald Jr., fils aîné de Trump, Jared Kushner, son gendre, Paul Manafort, alors président de la campagne, et Natalia Veselnitskaya, une avocate russe.

>> Relire : Le point sur les soupçons d'ingérence russe dans la campagne américaine

Traîtrise

Peu de temps après cette rencontre révélée par le New York Times, Steve Bannon aurait ironisé: "Les trois ténors de la campagne ont pensé que c'était une bonne idée de rencontrer un gouvernement étranger à l'intérieur de la Trump Tower dans la salle de conférence du 25ème étage - sans avocat. Ils n'avaient aucun avocat."

Durant cette réunion, un intermédiaire de confiance avait promis des documents qui "incrimineraient" leur rivale Hillary Clinton, mais au lieu d'alerter le FBI sur un éventuel assaut contre la démocratie américaine par une puissance étrangère, Donald Trump Jr. a répondu dans un courriel: "J'adore".

Même si vous pensiez que ce n'était pas une trahison, ou antipatriotique, ou de la merde, et je pense que c'est tout cela, vous auriez dû appeler le FBI immédiatement.

Steve Bannon, ancien conseiller stratégique à la Maison Blanche.

Blanchiment d'argent

"Tout est une question de blanchiment d'argent", écrit l'auteur et journaliste Michael Wolff, citant toujours Steve Bannon: "Robert Mueller [le procureur spécial nommé pour enquêter sur "l'affaire russe"] a choisi Andrew Weissmann en premier pour rejoindre son équipe. Et il est spécialisé dans le blanchiment d'argent. Leur chemin pour atteindre Trump passe par Paul Manafort, Don Jr et Jared Kushner. C'est aussi simple que cela."

Pour rappel, l'ex-directeur de campagne Paul Manafort a été inculpé notamment de blanchiment d'argent, pour un total de 18 millions de dollars.

Le mois dernier, le procureur Robert Mueller a demandé à Deutsche Bank de lui fournir des données sur des comptes bancaires détenus par Donald Trump et sa famille. L'institution financière allemande aurait prêté des centaines de millions de dollars à l'empire immobilier de Jared Kushner, selon Steve Bannon, que Michael Wolf cite encore: "Cela passe par la Deutsche Bank et toute la merde de Kushner. La merde de Kushner est grasse".

>> Lire : La Deutsche Bank sommée de fournir des documents dans l'enquête russe et Premières inculpations dans le cadre de l'enquête russe aux Etats-Unis

>> Et aussi: Premières inculpations dans le cadre de l'enquête russe aux Etats-Unis

Rupture

"Steve Bannon n'a rien à voir avec moi ou ma présidence. Quand il a été limogé, il n'a pas seulement perdu son travail, il a perdu la raison", a écrit le président des Etats-Unis dans un communiqué à la tonalité agressive, qui marque une rupture avec son ancien proche conseiller.

"Steve ne représente pas ma base électorale, il ne cherche que son propre intérêt", écrit-il encore, accusant l'ex-stratège de la Maison Blanche d'avoir passé son temps "à faire fuiter de fausses informations aux médias pour se rendre plus important qu'il n'était".

fme

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Accès extraordinaire à la Maison Blanche

"Fire and Fury: Inside the Trump White House" (Le feu et la fureur: dans la Maison Blanche de Trump) sera publié le 9 janvier. Michael Wolff dit avoir bénéficié d'un accès extraordinaire à Donald Trump et aux hauts fonctionnaires et conseillers, parfois à des moments critiques de la présidence naissante.

La rancoeur entre Steve Bannon et "Javanka" (Jared Kushner et sa femme Ivanka Trump) est un thème récurrent du livre. Jared Kushner et Ivanka Trump sont juifs. Henry Kissinger, l'ancien secrétaire d'Etat, aurait déclaré: "C'est une guerre entre les juifs et les non-juifs".

De son côté, Donald Trump n'est pas épargné, notamment par Thomas Barrack Jr., un milliardaire qui est l'un des plus anciens associés du président. Ce dernier aurait dit du président républicain: "Il n'est pas seulement fou, il est stupide."

Robert Mueller visé par une plainte

L'ancien chef de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a porté plainte mercredi contre le procureur spécial Robert Mueller et le ministère de la Justice pour avoir outrepassé leur mandat dans l'enquête sur une collusion présumée entre la Russie.

Paul Manafort, inculpé fin octobre notamment pour blanchiment d'argent dans le cadre de ses activités de lobbyiste, estime que le ministère et le ministre-adjoint Rod Rosenstein ont donné à Robert Mueller une trop grande indépendance dans son enquête.