Le débat sur la laïcité est devenu vif, avec en toile de fond la laïcité et les limites de la liberté d’expression.
Le président français Emmanuel Macron a notamment évoqué une "radicalisation de la laïcité", qui pourrait provoquer des tensions communautaires.
"Je ne sais pas ce que c'est, la laïcité poussée à son extrême, surtout quand ce sont les communautaristes qui sont les extrémistes. Il y a une espèce d'inversion de la réalité, assez typique de la politique néo-libérale", estime Yves Scheller, porte-parole de la coordination laïque genevoise, invité vendredi de La Matinale de la RTS.
Alors comment définir jusqu'où on peut aller? "Il faut distinguer la loi des morales, c'est le fondement de la laïcité. C'est la loi qui doit fixer les limites", souligne-t-il. "Le blasphème est issu d'un lexique religieux, qui n'a rien à voir avec un lexique juridique", estime-t-il, précisant toutefois qu'en Suisse, le délit de blasphème est inscrit au code pénal.
"L'illusion du politiquement correct"
"Si tous ceux qui sont blessés par des caricatures ou par d'autres choses, se mettent à pouvoir les interdire, on va interdire les cigarettes dans les films, on va interdire toutes sortes de propos... il n'y aura plus de débat public, nous vivrons dans un monde parfait (...) Je crois que c'est une illusion complète, c'est ce qu'on appelle le politiquement correct", regrette Yves Scheller.
Pour lui, "la caricature fait partie de la liberté d'expression" et "si on veut la liberté d'expression, il faut admettre que chacun puisse être choqué, y compris soi-même."
Yves Scheller reconnaît que certains mouvements, anti-musulmans notamment, se positionnent dans le sillage des mouvements laïques. "Il est vrai que l'extrême droite utilise la laïcité comme masque de son propre racisme", regrette-t-il.
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Jessica Vial