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"Les derniers jours de Saddam Hussein", un tournant géopolitique

Le dictateur irakien Saddam Hussein a été exécuté après trois ans de détention. [RTS/Newen Distribution]
Le dictateur irakien Saddam Hussein a été exécuté après trois ans de détention. - [RTS/Newen Distribution]
Alors que les forces irakiennes ont repris fin 2017 les territoires du pays aux mains des djihadistes, un documentaire plonge dans l'Irak des derniers jours de Saddam Hussein à l'émergence du groupe Etat islamique (EI).

De la capture du tyran irakien, en 2003, à son exécution par pendaison, le 30 décembre 2006, "Les derniers jours de Saddam"* retrace la chute de cet ex-allié de l'Occident. Le documentaire montre à travers les témoignages de ceux qui l'ont connu - comme sa petite-fille - ou combattu le visage paradoxal de cet homme sanguinaire qu'on voit, au début, écrire des poèmes en attendant sa mort.

Car après avoir été pendant longtemps "le bon garçon de la CIA", puis classé dans "l'Axe du mal", le dictateur finit par mourir en martyr à 69 ans, au terme d'un procès mené par une justice partiale et dont l'issue était connue d'avance.

"La fin de Saddam Hussein a déstabilisé des équilibres qui n'étaient pas très stables. Elle a précipité le chaos que l'on connaît encore en Irak plus de dix ans après sa mort et entraîné une accélération du terrorisme dont le monde n'est pas encore sorti", explique à la RTS le réalisateur du film Richard Puech.

Une série d'erreurs américaines

Le documentaire, qui revient sur ce qu'il qualifie de faute géopolitique majeure, relève aussi la succession de maladresses commises par les Etats-Unis après l'invasion de l'Irak. "C'était une terrible erreur d'envoyer quelqu'un en Irak pour être l'administrateur d'un pays de 25 millions d'habitants et prendre des décisions qui auraient dû l'être par des Irakiens", reconnaît par exemple l'ex-conseiller de la Maison Blanche, Richard Perle.

En démantelant le parti Baas et en démobilisant l'armée, le proconsul américain Paul Bremer ne fait en effet, par méconnaissance du terrain, qu'aggraver la situation. Et, face caméra, il reconnaît lui-même ses torts.

"On a relâché dans la nature des milliers d'Irakiens avec des armes et formés pour s'en servir. On leur a donné toutes les raisons de les retourner contre nous. Ce qu'ils ont fait", analyse encore l'ex-numéro deux de la diplomatie américaine et ancien bras droit de Colin Powell, Lawrence Wilkerson.

Une paix non assurée

Mais le documentaire de Richard Puech ne rappelle pas seulement les conséquences internationales de l'invasion américaine. Il offre aussi un rappel bienvenu et complet de la succession d'événements qui ont conduit l'Irak à ses divisions actuelles.

Et si le 9 décembre dernier les forces gouvernementales ont annoncé avoir libéré la quasi-totalité des territoires occupés par le groupe Etat islamique en Irak, au terme de trois ans de guerre, le pays est encore loin d'être pacifié. Depuis début 2018, deux attentats suicide sont déjà survenus en plein centre de Bagdad, venant alourdir encore le bilan de plus de 250'000 personnes tuées dans ce pays depuis la chute de Saddam Hussein.

Juliette Galeazzi

* "Les derniers jours de Saddam Hussein" diffusé dimanche 21 janvier à 21h sur RTS Deux

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Quelques repères historiques

Cinquième président de la République d'Irak, Saddam Hussein a occupé ce poste du 16 juillet 1979 au 9 avril 2003. Dictateur et ancien allié de l’Occident, il a mené son peuple dans une guerre sanguinaire avec l'Iran (1980-88), avant de gazer la minorité kurde (1988) et de s'embarquer dans l'invasion du Koweït pour subir la première incursion armée américaine (1991).

En mars 2003, quand le président George W. Bush attaque l'Irak sous prétexte d'y trouver des armes de destruction massive, Saddam Hussein devient alors un symbole. Il est capturé par les troupes américaines le 13 décembre 2003 après huit mois de fuite. Il comparaît devant la justice irakienne, faisant face à plusieurs chefs d'accusation dont celui de crime contre l'humanité.

Le 5 novembre 2006, l'ex-président est jugé coupable du massacre de 148 chiites irakien en 1982 et condamné à mort. Il sera finalement exécuté par pendaison le 30 décembre 2006.