Matignon a informé des élus locaux, peu avant une déclaration du Premier ministre Edouard Philippe à la sortie du Conseil des ministres à l'Elysée.
Qualifié de "grand projet inutile" par ses opposants, Notre-Dame-des-Landes devait permettre, selon ses défenseurs, d'assurer le développement attendu du trafic aérien depuis Nantes, une des villes françaises à la plus forte croissance. Le projet devait répondre à la saturation attendue de l'aéroport actuel et ainsi améliorer la desserte de toute la Bretagne.
"Courage et opportunisme"
Interrogé dans l'émission Forum, Erwan Lecoeur, sociologue et consultant sur les questions d'écologie politique, relève que cette décision est mêlée à la fois de courage et d'opportunisme. "Il fallait du courage pour reprendre ce dossier vieux de 40 ans (...) Emmanuel Macron a décidé de devenir le champion mondial sur la question du climat et pour donner de la cohérence à sa posture, il y avait là une carte à jouer."
Des engagements pour le Grand Ouest
"Le Grand Ouest a besoin d'être connecté au reste de la France et de l'Europe. Mais cette connexion ne peut plus s'envisager aujourd'hui comme elle était pensée il y a 50 ans", a souligné Edouard Philippe qui s'est engagé à garantir à Brest, Nantes et Rennes, des liaisons faciles avec les autres métropoles françaises et européennes.
Le Premier ministre a en outre annoncé la modernisation de l'aérogare de Nantes-Atlantique et le lancement de la procédure pour l'allongement de la piste actuelle.
Evacuation prévue
Malgré l'abandon, le gouvernement français s'est engagé à évacuer la ZAD - une vaste zone d'aménagement différé de 1600 hectares rebaptisée zone à défendre - occupée par les opposants à la construction de l'aéroport.
Des renforts de sept escadrons de gendarmerie mobile, soit plus de 500 hommes, sont arrivés mercredi sur place avec pour objectif de quadriller la zone et procéder à des contrôles afin d'éviter l'arrivée de civils dans la ZAD.
Plusieurs compagnies de CRS seront elles à Nantes et Rennes. Elles devront assurer le maintien de l'ordre en cas de manifestations.
ats/jgal
La maire de Nantes demande à être reçue à Paris
La maire de Nantes, Johanna Rolland, a demandé mercredi à être reçue par Emmanuel Macron pour discuter de l'avenir du Grand Ouest après l'abandon du projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes, une décision qu'elle a qualifiée de "trahison".
Comme de nombreux élus de Loire-Atlantique et au-delà, la socialiste militait pour le transfert de l'aéroport actuel, Nantes-Atlantique, vers le site de Notre-Dame-des-Landes. Cette décision "laisse sans réponse plusieurs questions absolument majeures pour notre métropole", comme l'avenir du pôle industriel d'Airbus, et pénalisera 45'000 habitants et bientôt 67'000 personnes vivant près de Nantes-Atlantique, exposées à ce titre aux nuisances sonores, estime-t-elle.
Le revirement de l'Etat "bafoue clairement l'expression démocratique qui s'est exprimée le 26 juin 2016", a encore dit Johanna Rolland dans une allusion à une consultation des électeurs de Loire-Atlantique, qui a tourné en faveur du projet.