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La Centrafrique, "un Etat encore faible, qui aurait besoin de soutien politique"

Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge. [RTS - Laurent Bleuze]
L'invité de Romain Clivaz - Peter Maurer, président du CICR / L'invité-e de Romain Clivaz / 10 min. / le 18 janvier 2018
Le président du CICR Peter Maurer revient de Centrafrique, déchirée par des affrontements communautaires depuis 2013. Il pointe le risque d'un "conflit oublié", hors des radars politiques, et donc des financements d'aide.

"Dans passablement de régions, surtout en Centrafrique, il y a le risque de trous noirs, de conflits oubliés, qui ne sont pas à l'agenda international et donc qui n'attirent ni l'attention politique, ni les financements nécessaires pour répondre à la crise humanitaire", souligne le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), invité jeudi de La Matinale de la RTS.

"La bonne nouvelle, c'est que j'ai retrouvé un peuple centrafricain extrêmement industrieux, engagé, où même les plus dépourvus cherchent des voies pour sortir de leur misère (...) cela m'a impressionné", relate Peter Maurer, qui revient de ce pays dont 20% de la population a dû fuir en raison de conflits ethniques.

Mais malgré ces efforts, le président du CICR y "voit un Etat encore faible, qui aurait besoin de soutien politique pour la réconciliation et la reconstruction". Et d'ajouter: "on voit comment c'est difficile de mobiliser la communauté internationale".

La crise migratoire, priorité des Européens

La Centrafrique n'intéresse-t-elle pas les pays européens? "La Centrafrique est centrale aux dynamiques africaines, mais les grands intérêts géopolitiques se dirigent beaucoup plus vers le Proche-Orient, on l'a vu avec la crise syrienne, avec l'Irak... C'est toute la difficulté de baser une politique humanitaire sur les besoins des gens et non pas sur les intérêts géostratégiques. En tant qu'humanitaire, on est toujours dans cette tension."

Il précise aussi que l'on ne voit pas les financements venir "si un conflit n'apparaît pas sur l'écran radar d'un pays européen comme une menace, un risque en termes de migration."

La fin de la logique solidaire?

Finie l'idée d'aide universelle? "Avec les souverainetés de plus en plus affirmées, on veut voir des résultats pour les donations et non pas seulement donner de l'argent dans la logique solidaire. L'humanitaire agit dans un environnement extrêmement politique", répond Peter Maurer.

Propos recueillis par Romain Clivaz

Adaptation web: Jessica Vial

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