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Le Kremlin fait tout pour encourager les Russes à voter à la présidentielle

Des personnes prennent un selfie dans un centre de collecte de signatures pour la candidature de Vladimir Poutine aux élections 2018. [Sputnik/AFP - Evgeny Biyatov]
Le Kremlin fait tout pour pousser les Russes à voter / Tout un monde / 5 min. / le 18 janvier 2018
Les Russes éliront leur nouveau président le 18 mars. La campagne, sans suspense, devrait voir la réélection de Vladimir Poutine, mais le Kremlin essaie par tous les moyens de motiver les citoyens à aller voter.

Un document du Kremlin a fuité dans le journal russe RBC, explique jeudi l'émission Tout un monde. On y trouve les stratégies prévues pour attirer les électeurs vers les urnes: créer une atmosphère "festive" le jour de l’élection, avec des jeux pour les enfants et des concerts, mais aussi divers concours, notamment celui du meilleur selfie pris dans les bureaux de vote, récompensé par un iPhone ou un iPad.

Ces stratégies n'ont rien de très nouveau, car les animations et la nourriture dans les lieux de vote sont une pratique courante en Russie.

Mais le journal Vedomosti révèle aussi une autre tactique des autorités russes: organiser un référendum sur une question importante d'urbanisme le même week-end que le scrutin présidentiel, dans des bâtiments à proximité.

Electorat difficile à mobiliser

Aux dernières élections fédérales - les législatives de 2016 - l’électorat était déjà difficile à mobiliser, et cela s'est traduit par un taux de participation parmi les plus bas de ces dernières années.

Et cette année l'élection présidentielle, plus qu'une véritable lutte entre différents candidats, s’apparente plutôt à un référendum sur la popularité de Vladimir Poutine, dont la réélection fait peu de doute. En effet, Alexeï Navalny, son opposant le plus virulent, n'a pas été autorisé à participer au scrutin.

>> Lire aussi : L'inéligibilité d'Alexeï Navalny confirmée par la Cour suprême russe

Vladimir Poutine en "leader populaire"

Mais pour rendre le pouvoir de Vladimir Poutine légitime, il faut qu'un maximum de citoyens votent pour lui. Tout est donc fait, dans sa campagne, pour renforcer cette image de leader populaire.  Les volontaires en charge de récolter des signatures pour le candidat ont par exemple raconté que "même des étrangers, dans une rue du centre de Moscou, voulaient signer pour Poutine".

Autre exemple: la nouvelle organisation des Tatars de Crimée a dit vouloir soutenir le président en exercice, mais il faut préciser que l'assemblée qui les représente véritablement a été interdite en 2016, réduite au silence car elle était opposée à la politique de Vladimir Poutine en Crimée.

Excès de zèle

Vladimir Poutine doit récolter 300'000 signatures, puisqu'il se présente en indépendant. Son équipe en a déjà recueilli bien plus que nécessaire.

Des cas d'excès de zèle ont été constatés: la direction d'une grande usine a notamment prévenu ses employés d’apporter leur passeport pour pouvoir récolter des signatures en soutien à Poutine pendants les heures de travail. L'équipe du président sortant a immédiatement invalidé les signatures lorsque les communistes ont dénoncé cette infraction.

>> Ecouter aussi l'interview de la franco-russe Héléna Perroud, auteure d'"Un Russe nommé Poutine" :

Le président russe Vladimir Poutine. [Kremlin Pool/Keystone - Alexei Nikolsky]Kremlin Pool/Keystone - Alexei Nikolsky
La franco-russe Héléna Perroud publie "Un Russe nommé Poutine" / Tout un monde / 9 min. / le 18 janvier 2018

Isabelle Cornaz/jvia

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La neutralité fait défaut dans les médias d'Etat

Les médias d'Etat mentionnent les différents candidats, mais la neutralité fait défaut, estime l'association indépendante de surveillance des élections Golos.

Dans un communiqué publié mardi, elle parle de plus de 50 reportages problématiques ces vingt derniers jours, sur les télévisions régionales et nationales. Les sujets sont clairement en faveur du candidat Poutine ou contre les autres candidats, alors que les médias sont tenus de respecter une stricte égalité de traitement dans les sujets d'information.

Le parti communiste s'est même plaint du traitement ouvertement dénigrant à l'égard de son candidat, Pavel Groudinine. Le porte-parole du Kremlin a répond que le président Vladimir Poutine n'avait "aucun moyen d'influencer la politique rédactionnelle des télévisions d'Etat".