Le Premier ministre turc Binali Yildirim a affirmé que des militaires turcs étaient entrés à 11h05 (09H05 en Suisse) dans la région d'Afrine, une enclave kurde dans le nord de la Syrie contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), et que l'artillerie d'Ankara continuait de pilonner dimanche.
L'offensive turque, baptisée "Rameau d'olivier", risque de tendre davantage les rapports entre Ankara et Washington: les Etats-Unis soutiennent officiellement une coalition arabo-kurde, dont font partie les YPG, pour combattre le groupe Etat islamique (EI) (Lire en encadré).
Cette opération a débuté samedi, avec un bombardement aérien d'envergure mené par 72 appareils qui ont frappé plus de 150 cibles, dont l'aéroport militaire de Minnigh, selon l'armée turque.
Samedi, le porte-parole des YPG avait fait état de dix personnes tuées, dont sept civils, dans les bombardements turcs. L'armée turque affirme pour sa part n'avoir touché que des "terroristes".
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Riposte kurde
Réagissant aux informations faisant état de l'entrée de soldats turcs en Syrie, les YPG ont affirmé avoir repoussé une incursion: "La Turquie voulait entrer à Afrine, mais nous avons repoussé leur attaque", a affirmé un porte-parole des YPG.
Dans une apparente riposte aux frappes turques, quatre roquettes tirées depuis des zones contrôlées par les YPG se sont abattues dans la nuit de samedi à dimanche sur la ville frontalière turque de Kilis, faisant un blessé léger.
Plus tard dimanche, le maire de Reyhanli, une ville turque de la province de Hatay, située plus à l'ouest, a fait état d'une personne tuée et de 32 blessés dans des tirs de roquettes.
Interdiction de manifester
"L'opération Rameau d'olivier se déroule comme prévu, l'offensive terrestre a commencé", a indiqué l'état-major turc dimanche, ajoutant que 153 cibles, dont des abris et des caches d'armes, avaient été touchées.
"Si Dieu le veut, nous terminerons cette opération en très peu de temps", a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier a en outre averti que quiconque manifesterait en Turquie contre l'offensive "paierait un prix très élevé".
Le Premier ministre turc a par ailleurs indiqué que l'opération turque avait pour but de créer une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière.
Deuxième offensive turque dans le nord de la Syrie
Il s'agit de la deuxième offensive turque dans le nord de la Syrie, après celle lancée en août 2016 pour repousser l'EI vers le sud, mais aussi enrayer l'expansion des combattants kurdes.
A la faveur du conflit syrien qui a fait plus de 320'000 morts depuis 2011, les Kurdes syriens, longtemps marginalisés, ont installé en 2012 une administration autonome à Afrine, un territoire isolé des autres zones contrôlées par les YPG plus à l'est.
L'offensive turque survient dans la foulée de l'annonce, par la coalition internationale anti-djihadistes emmenée par les Etats-Unis, de la création d'une "force frontalière" composée notamment de guerriers kurdes, un projet qui a suscité la colère d'Ankara.
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agences/fme
Inquiétudes internationales
Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a assuré dimanche que la Turquie avait prévenu les Etats-Unis avant de lancer son opération aérienne et terrestre dans le nord de la Syrie. La Turquie, allié des Etats-Unis au sein de l'Alliance atlantique, "est le seul pays de l'OTAN avec une insurrection active à l'intérieur de ses frontières et les préoccupations sécuritaires de la Turquie sont légitimes", a assuré Jim Mattis.
La France a également exhorté Ankara à cesser son offensive, estimant qu'elle "pourrait détourner les forces combattantes kurdes, qui sont très engagées au sein de la coalition" combattant l'EI.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a par ailleurs demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour "évaluer les risques humanitaires" en Syrie.
Moscou a également appelé à la "retenue", mais les analystes estiment qu'aucune offensive majeure ne peut être lancée en Syrie sans l'aval de la Russie, qui entretient toutefois de bonnes relations avec les YPG.
Le président syrien Bachar al-Assad a lui aussi condamné l'opération turque à Afrine, accusant Ankara de "soutenir le terrorisme".
Les YPG, terroristes pour les uns, alliés pour les autres
Ankara accuse les Kurdes de l'Unité de protection du peuple (YPG) d'être la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion dans le sud-est de la Turquie depuis plus de trente ans et est considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme une organisation terroriste.
Mais les YPG ont aussi été un allié incontournable des Etats-Unis, partenaires de la Turquie au sein de l'Otan, dans la guerre contre le groupe Etat islamique.
A noter aussi que les Forces démocratiques syriennes (FDS), - un groupe militaire allié à la coalition anti-djihadiste et qui est constitué majoritairement des Kurdes de l'Unité de protection du peuple (YPG) -, contrôlent environ un tiers du territoire syrien le long des frontières turque et irakienne, dont les principaux gisements de pétrole du pays.